Quel temps ennuyeux! [PV Dickens]

Le soleil n'avait pas pointé le nez depuis déjà trois jours et cela ce répercutait grandement sur l'humeur de Leïla. Déjà que d'ordinaire elle était peu endurable, c'était encore pire et même ses parents avaient du mal à la supporter. En cette nouvelle journée nuageuse, M. Crowe avait accepté de lui prêter la voiture après mainte supplication et ils avaient ainsi pu se débarrasser de Leïla pour un moment.

Marchant dans les rues de Port Angeles, sac en main, le visage de la Quileute était rayonnant. Il n'y avait jamais rien de mieux que de faire du shopping pour se remonter le moral. Marchant d’un pas léger et souriant jusqu’aux oreilles, Leïla ne se préoccupait pas de ce qui l’entourait. Même les nuages au-dessus de sa tête paraissait inexistant en cet instant. Elle qui aimait tant faire les boutiques, elle ne pouvait pas se plaindre lorsqu’elle avait les mains ainsi pleines.

- Ce n’est pas parce que j’ai embouti l’ancienne voiture une ou deux fois que je vais emboutir celle-ci aussi!

Un vieil homme jeta un coup d'oeil à la jolie brunette. Sans doute croyait-il qu'elle était folle. La raison pour laquelle ses parents avaient hésité à lui confier leur précieux véhicules était que leur fille avait déjà détruit leur ancienne voiture. La première fois, elle avait survécu au choc lors de la rencontre avec un poteau de téléphone mais la seconde fois, face à un arbre, elle y avait laissé l’âme. Leïla, elle, s’en était sortie sans la moindre égratignure, les deux fois! À croire qu’elle était immunisé contre ses bêtises. Ainsi, ses parents ne voulait pas trop lui confier leur nouveau véhicule mais ils avaient finalement céder devant la ténacité de leur enfant et devant son air enjôleur.

Avançant tant bien que mal, la main droite tenant quatre sacs, dont un était passé au poignet, et la main gauche en tenant trois, Leïla tentait de se frayer un chemin au travers des gens. Elle voulait atteindre le café qui était à trois coin de rue pour se commander un petit quelque chose à boire. Elle aurait bien pu se contente d’un dépanneur quelconque ou d’une petite boutique où l’on vendait des rafraîchissements mais ce qu’elle voulait était dans son café préféré et pas ailleurs. Ne regardant pas où elle allait, trop occupé à jeter des coups d’œil à l’intérieur des vitrines des magasins, Leïla entra en collision avec quelqu’un de plus solide qu’elle et échappa quelques sacs tout en titubant vers l’arrière pour reprendre son équilibre.

- Vous pourriez regarder où vous mettez les pieds! Je ne suis pas invisible pour autant que je sache!

Enlevant une mèche de cheveux qui lui cachait la vue, elle jeta un coup d’œil à l’individu qui avait eu le malheur de la bousculer de la sorte. C’est à ce moment que l’odeur s’engouffra dans ses narines et qu’elle prit une expression dégoûté. Ce qu’il pouvait puer! C’était à ne pas s’y tromper, il devait être un vampire. Pourquoi ne l’avait-elle pas senti plus tôt? Son nez ne lui faisait pourtant pas défaut. Ah, oui, elle n’avait que l’odeur des vêtements neufs en tête et celle des poissons était intensément présente si près du port. L’odeur de cet homme avait donc été masqué.

- Seigneur! C’est à croire que vous ne prenez jamais de douche! Vous avez déjà pensé mettre du parfum? Ce pourrait peut-être réglé votre problème nauséabond.

Faisant son sourire enjôleur de petite humaine naïve, la Quileute lança un regard sur son rival et baissa les yeux sur ses sacs. Elle ne prendrait pas le risque de se baisser devant un vampire, elle attendrait qu’il quitte pour les ramasser. Il valait mieux pour elle de rester sur ses gardes même si beaucoup de gens circulaient autour d’eux.

Port Angeles était un endroit fort plaisant. Le climat y était encore plus humide que partout ailleur dans l'Etat vu sa proximité immédiate avec les grands massifs de végétation des alentours et encore plus de celle de l'océan. Mais l'odeur qui y régnait était fantastique à tous points de vue. Elle synthétisait à elle seule toutes les choses que j'aimais en ce monde. L'iode et l'océan avaient une saveur particulière avec celle du poisson qui s'y mêlait. Plus à l'est de la ville venaient des effluves plus forts et plus rugueux, ceux de la forêt humide qui recouvrait l'Etat, faite de pins, de grands arbres séculaires et d'une foule de végétaux, avec par ci par là le fumet de quelque bête sauvage. Enfin, la localité en elle même apportait un regain d'intérêt pour mon odorat; elle sentait l'humain à des kilomètres! Et des humains pas très difficiles à tuer en plus, de jeunes femmes qui s'échappaient comme elles pouvaient en allant traîner dans le centre commercial, des bandes de jeunes pleins de désillusions qui ne demandaient qu'à se battre... Oui, j'adorais cette ville. Si elle aurait été plus grande, et si je n'avais pas autant aimé me mêler des évènements qui marquaient le monde, alors peut être est ce que j'aurais eu l'envie d'annexer pour moi seul ce territoire...

Mais je n'en étais pas encore au point de prendre ce genre de décision, j'étais bien trop jeune pour me ranger, et puis pour le moment je préférais rester dans le coin que Kyleigh choisirait, ne serait ce que pour continuer de pratiquer mon sacerdoce d'enseignement et de protection auprès de ma petite protégée. Et qui sait, un jour peut être ouvrira t'elle les yeux sur les sentiments qu'elle me portait, et qu'alors elle me ferait de nouveau ressentir quelque chose... Je ne perdais pas espoir, après tout, j'avais toute l'éternité pour redécouvrir les choses de la vie éternelle. A moins que mon espérance de vie ne soit cruellement réduite, ce qui ne serait après tout que justice avec tout ce que j'avais vécut durant tout le siècle qui venait de s'écouler, non? Mais là encore, je n'étais pas encore à vouloir penser à ce genre de choses... Non, pour le moment, j'étais simplement accroupit sur le toit d'un des hauts bâtiments de la petite ville, humant l'air de la cité humaine en fermant les yeux. Mon régime animal allait prendre fin l'espace de quelques petites minutes, j'en avais assez de la viande rêche des daims que l'on ramassait dans les bois alentours...

Soudain, j'ouvris de nouveau les yeux et un sourire carnassier s'étala sur mon visage. J'avais humé ma proie. Une odeur des plus étrange, que je n'avais encore jamais sentit. Je ne savais pas pourquoi, mais elle me rendait fou de désir, de violence. J'avais envie de réduire en charpie cette personne, même pas de m'abreuver de son sang. J'avais l'impression d'être retourné au simple rang de nouveau né. Et encore, c'était beaucoup présumer de mes forces actuelles, qui avaient plus à voir avec celle d'un simple sauvage. Je ne m'expliquais guère cet état, mais prenait déjà mon envol.. Pour retomber brusquement, environ vingt mètres plus bas, accroupit. Ma veste voletait derrière moi durant ma chute, battant à mes oreilles. Je n'avais rien et était toujours prit de ce besoin urgent que je ne saisissais pas. Mais une fois arrivé en bas, je remarquais que personne ne m'avait vu. Par contre, je voyais ma cible. Une jeune femme, très jolie apparemment. Plus pour longtemps. J'allais me la faire, et quand j'en aurais fini avec elle, elle en sera réduite à l'état de pulpe sanguinolente. Toujours avec mon horrible sourire sur le visage, je me dirigeais droit sur elle, avec la ferme intention de lui rentrer dedans, de lui faire mal. Etais je devenu fou? Je ne contrôlais plus grand chose! D'un coup d'épaule, j'envoyais la fille en déséquilibre tandis qu'elle laissait omber ses sacs, me prenant à parti. Je souriais toujours.

- Ah non, effectivement, vous m'avez littéralement tapé dans l'oeil mademoiselle, je suis désolé de cette manière involontaire et cavalière de vous aborder, ce n'était pas dans mes intentions...

Je ne mentais pas, ma raison m'hurlait de m'éloigner, de ne pas me compromettre et de me faire repérer par un Bratford ou un des agents des Van der Berg que l'on disait de retour dans le secteur. Mais je navais pas pu m'en empêcher, ce qui me faisait un peu peur à bien y réfléchir. La seconde réaction de la jeune femme par contre me prit au dépourvu, et je sentis alors son odeur avec bien plus de force, et je fus moi aussi tordu de dégoût. On aurait dit qu'elle sentait le cadavre à moitié décomposé d'un chien ou d'un animal de ce genre, c'était horriblement douceâtre, et étrangement, mon envie se fit encore plus violente dans ma gorge et dans mon coeur. Je la désirais, je désirais la mettre en pièce, et je compris alors que c'était physique, même si je ne l'expliquais pas. Il faudrait sans doute que l'on s'explique, mais avant cela elle m'injuria littéralement, ce qui me fit littéralement éclater de rire. Elle tenait à la vie celle là? On aurait pas dit comme ça!

- Et vous alors! Sauf votre respect mademoiselle, vous sentez une bien drôle d'odeur! Vous êtes vous récemment accouplée avec un ours ou est ce que vous n'avez jamais eu le bonheur de découvrir l'épilation? Parce que si c'est le cas, ça devient urgent apparemment!

Visiblement, la collision n’avait pas été un accident. Cet homme, pour peu qu’il était un homme, avait fait exprès de foncer sur Leïla. Qui plus est, il gardait un sourire cruel sur le visage alors c’était, à ne pas y douter, une rencontre voulue. Ce qui n’était pas pour rassurer la jeune Quileute qui n’était toujours pas particulièrement habitué à entrer en contact avec des vampires. Elle ignorait qu’il y en avait autant dans les environs. Elle avait l’étrange impression que partout où elle allait il y en avait un avec son nom marqué dessus comme si ils lui étaient tous prédestinés.

La tension entre les deux jeunes gens, d’accord entre la jeune fille et, sans doute, le vieux vampire d’apparence jeune, était palpable. Ce qui n’empêchait pas Leïla de rester droite et de continuer à se montrer vigilante. Cet être avait l’air d’être tordu au plus haut point et la jeune louve n’avait pas envie de se faire charcuter sur la place publique… pas plus qu’elle n’avait envie de l’être à l’abris des regards.

- Vos intentions. Bien sur! Comme si elles pouvaient être tout ce qu’il y a de plus innocentes! Les gens de votre espèce sont assez vicieux pour faire n’importe quoi afin d’attirer l’attention sur eux.

La Quileute continuait de jauger son interlocuteur d’un œil critique. Il était plutôt mignon pour un mort même si c’était dégoûtant de devoir le reconnaître. Si jamais elle devait se battre contre lui, chose qui ne lui faisait pas spécialement envie, elle pourrait toujours utilisé son arrogance contre lui. Il était sur de lui, cela se voyait très facilement à son attitude. Qui plus est, il devait sans doute avoir d’autre faiblesse que celle d’être vantard. Dans un combat au corps à corps, les faiblesses physiques étaient les plus faciles à utiliser contre un adversaire. Là venait de naître une nouvelle question dans l’esprit déjà confus de la jeune femme.

* Est-ce que les vampires ont des faiblesses? Ils ne peuvent sans doute pas être des super-je-sais-pas-trop-quoi comme Hulk quand même. Et si je lui fichais simplement un coup de poing dans la figure et un coup de pied dans les bijoux de famille? Est-ce que les vampires ressentent de la douleur? Oh et puis merde! *

Le vampire semblait amusé par la tirade que Leïla avait eu contre lui et il avait, de toute évidence, un excellent sens de la répartie. Au moins elle était fixé sur un nouveau point, ce vampire avait un sens de l’humour. Un sens de l’humour glauque c’était un fait mais au moins il en avait un.

- Quoi, vous m’avez suivi dans les bois pour vérifier mes ébats sexuels?

* Un vampire qui parle de pilosité. J'aurai tout vu moi lorsque je mourrai! *

Leïla était sarcastique, elle ne s’était pas accouplé avec un ours. En revanche, elle s’était battu avec l’un des représentants de cette espèce et elle en avait fait son petit déjeuner. Il avait été succulent sous la dents de la louve. Elle s’était d’ailleurs beaucoup amusé à brutaliser la bête lors de leur combat. Il fallait dire que celle-ci s’en était donné à cœur joie sur la louve. Leïla arborait une légère marque blanche dans le bas du dos qui aurait tôt fait de disparaître dans la prochaine heure. L’ours ne l’avait pas manqué lorsqu’il lui avait assené un coup de patte et qu’il lui avait passablement ouvert le bas du dos alors qu’elle était sous sa forme animal. Baissant la tête sur les sacs qui traînaient toujours à ses pieds, Leïla jugea plus prudent de les abandonner sur place. De toute façon, il lui restait ceux qu’elle avait dans les mains.

- Poussez-vous de mon chemin si vous tenez à continuer de ne pas vivre. Je n’ai pas de temps à perdre avec vous pour l’instant et je ne peux pas vous botter les fesses devant tout ces gens.

Jetant un regard noir au vampire, la Quileute fit un pas vers l’avant avec l’intention de le contourner et de continuer son chemin. L’envie de lui en mettre une en pleine poire ne manquait pas mais elle ne voulait pas risquer de mettre un vampire en colère dans une foule d’innocents. Qui pouvait savoir comment il se comporterait. Quoique l’idée n’était pas mauvaise… Si elle lui mettait une baffe, les gens les prendraient certainement pour un couple dont la jeune femme était en colère. Ce qui ne serait pas plus mal. Puis si le vampire tentait de la suivre, quelqu’un s’interposerait certainement. Ce quelqu’un serait sans défense face à l’être mythique. Parfois, il aurait été plus pratique à Leïla de se contenter d’agir sans réfléchir.

[Hj: je précise, au cas où tu te poserais la question en lisant mon rp, que Ryan ne sait absolument rien sur les quileutes et leur habileté à se transformer en Loups Garous.]

Eh bien, en voilà une humaine des plus arrogantes et puantes, un drôle de mélange délicieusement déplaisant que je m'amusais à tourner en ridicule. S'amuser avant de passer à table mettait toujours en appétit les prédateurs tels que moi, et je devais avouer que cette petite rencontre m'excitait au plus haut point, dans le sens où ma curiosité était piquée à vif et que j'avais envie d'en savoir plus sur cette fille. Déjà, son odeur m'intriguait. Comme un humain, ou plutôt une humaine, pouvait sentir une telle odeur? On aurait dit des effluves d'animaux mêlés au sang et à une odeur un peu primitive, genre corps humain en chaleur. C'était à la fois répugnant et attirant, mais attirant dans le sens où ça me procurait de violents besoins physiques, de véritables pulsions, qui n'avaient jamais été provoquées avec autant de force de toute ma si longue vie. Qu'était elle? Pourquoi sentait elle ainsi? Peut être était elle dans cette drôle de phase humaine qu'était l'ovulation, et qui la rendait plus aggressive et sensible? Non, ce ne pouvait pas être ça, son odeur était trop forte et trop étrange, trop dissociable, pour l'expliquer de cette façon. Je venais donc de décider, inconsciemment, que j'allais tenter d'en apprendre le plus possible sur elle, car je sentais désormais que cela pouvait s'avérer d'une importance quasi vitale... En tous cas, j'abordais la conversation en position de force, c'était certain. Rien au monde ne pouvait tuer un vampire, rien, sauf en s'y mettant à plusieurs, toutes armes ou espèces confondues.

Cependant, plus que l'odeur ou l'apparence de la jeune inconnue, c'était avant tout ses paroles qui piquaient ma curiosité. En temps que vampire, n'étais je pas sensé sentir une odeur délicieusement irrésistible pour elle? Du diable si j'y comprenais quelque chose! En tous cas, tout ce que je voulais, c'était en savoir plus! Peut être était elle allergique aux vampires? Mais ce serait bien la première fois que je rencontre une telle personne! Et son odeur de l'identifiait absolument pas non plus comme une autre vampire, alors qu'était elle vraiment? Ses paroles continuaient de me tarauder, de plus en plus, car ses attaques suivantes à mon encontre semblaient indiquer qu'elle savait qui j'étais et ce que j'étais, ce qui me laissait littéralement pantois. Soit je devenais totalement paranoïaque et me faisait des idées, peut être imaginais je un sens précis dans ses paroles qui pouvaient peut être sembler anodines? Que savait elle de mes intentions, pourquoi me prenait elle à partie de cette façon? C'était idiot, mais j'en venais à me demander ce que je lui avais fait pour qu'elle soit aussi sur ses gardes avec moi, et qu'elle semble déjà savoir ce dont j'étais capable. Les gens de mon espèce sont vicieux? Alors là, pas de doute, elle savait que j'étais un vampire, ce qui collait avec tout ce qu'il se passait sous mes yeux, bien que je ne me l'expliquais pas! J'étais certain désormais que nous allions devoir avoir un petit tête à tête pour nous expliquer, que je sache enfin de quoi il retournait. L'ironie de la jeune femme me fit éclater de rire, j'adorais les petites joutes verbales, elles préfiguraient souvent à de bien plus amusantes réjouissances...

- Eh bien, je n'ai pas eu le besoin de vous suivre pour m'en rendre compte, vous sentez le fauve en chaleur très chère.. Mais la prochaine fois que vous partez en forêt vous trouver un grizzli, prévenez moi, ma préférence va aux tendres et juteuses biches...

Comment lancer une pique by Ryan! Si jamais tout cela n'était qu'une suite de coïncidences et qu'elle était vraiment humaine, elle croira à une répartie ironique, mais si elle était cette chose que je n'arrivais pas encore à définir, alors sans doute est ce qu'elle saurait décrypter la menace à peine voilée que je venais de proférer à son encontre, à moins qu'elle continue à prendre cela pour du simple humour. S'en était assurément, mais il ne fallait pas non plus oublier que j'étais un adepte des phrases à double sens... C'était un talent que j'aimais cultiver, même si je devais avouer que je n'en avais pas souvent l'occasion, ne serait ce que parce que je suis un vampire qui aime voyager et qui n'aime pas trop parler en règle générale, hormis à Kyleigh, qui ne s'était jamais réellement amusée de cette façon, à mon plus grand dam. Mais chose qui commençait également à me faire presque frémir était ce trop plein d'émotions que je ressentais et qui menaçaient de me faire littéralement déborder. Ce n'était pas normal. D'ordinaire, j'étais simplement un gros bloc de glace à l'état pur, je n'étais pas sensé ressentir toutes ces violentes pulsions. J'avais presque l'impression d'être en plein milieu d'une mêlée ou de redevenir huamin; je ressentais de nouveau quelque chose de fort. Qu'il serait bon de me laisser aller à toutes ces idées qui se bousculaient dans ma tête... Mais je ne pouvais pas le faire ici. J'avais suffisamment de problèmes comme ça sans en rajouter! Et avoir affaire au clan de Pennsylvanie ne serait certes pas une bonne idée, c'était même plutôt tout le contraire! Mais la fille en face de moi me confirmait à chaque instant qu'elle savait ce que j'étais, et je ne pouvais plus supporter ma curiosité...

- Je ne réagis guère aux menaces, petite. Mais vous m'intriguez, je ne vous le cache pas. Vous savez apparemment ce que je suis, et vous êtes la seule humaine dans ce cas là. Vous avez de la chance d'être tombée sur moi plutôt que sur un des membres d'un certain clan... ils vous auraient mise en pièce sans autre forme de procès. Mais il serait dommage de mon côté de vous infliger destin si cruel, alors qu'il me suffit après tout de satisfaire ma curiosité... Pourquoi pas en mangeant quelque chose? Je n'ai guère faim, rassurez vous, mais je pense qu'il faut que l'on discute de pas mal de choses tous les deux. Tenez, je serais même beau joueur, et je promet sur mon honneur de ne pas vous tuer après avoir eu mes réponses, et même que je vous autoriserais également à m'en poser une à chaque fois que je vous questionnerais! Marché conclu, ou est ce que vous souhaitez que je découvre ici et maintenant ce que vous êtes devant tout le monde en goûtant votre sang? La balle est dans votre camp et je vous laisse décider... mais j'avoue que je ne serais pas contre non plus de me retrouver face à vous! Après tout, une fille qui s'accouple avec les ours et qui menace un Nocturne doit pouvoir constituer un certain défit!

[ HJ : Il est grand temps que je te réponde! Désolé de l'attente... Quel temps ennuyeux! [PV Dickens] 565135

]

Sa vie avait toujours été normale et des plus ordinaires. Elle avait grandi avec les légendes de La Push mais n'y avait jamais porté une réelle attention. Du moins, jusqu'à ce qu'elle se transforme elle-même en louve. À partir de là, tout avait changé et sa vie n'avait plus rien de normale. En plus de se transformer en louve, voilà que Leïla rencontrait des vampires encore plus souvent qu’elle n’allait dévaliser les boutiques à Port Angeles. La fréquence à laquelle elle y allait avait d’ailleurs diminué puisqu’elle était occupé à surveiller La Push. Puis, voilà qu’elle avait enfin l’occasion de se détendre un peu en faisant du shopping et il fallait qu’un nouveau vampire lui tombe dessus. Si ces rencontres continuaient d’être aussi fréquente, la Quileute en viendrait à croire qu’il y avait plus de monstres que d’humains dans les alentours.

Leïla n’avait pas particulièrement envie de passer la journée à discuter sur la place publique avec un type aussi dangereux qu’un sniper psychopathe sur le toit d’un immeuble. Qui plus est, avec le caractère de princesse capricieuse qui ne se laisse pas marcher sur les pieds qu’avait Leïla, elle risquait de mettre le buveur de sang en rogne. Ce qui, de toute évidence, était une très mauvaise idée puisqu’ils se trouvaient en public avec un grand nombre d’innocentes personnes qui profitaient de la journée à Port Angeles. Elle ne voulait pas les voir prises en otages dans une bagarre entre les espèces. Leïla avait donc menacé le vampire et l’avait contourné pour s’en aller. Elle laissait les sacs qu’elle avait échappé sur place, sa vie était plus importante que ces biens matériels. En temps normal, elle aurait pris la peine de les ramasser quand même mais ce vampire voulait lui faire la peau. Elle l’avait lu dans ses yeux. À peine avait-elle fait quelques pas qu’il avait reprit la parole. Elle s’était contrainte, à contre cœur, de se retourner pour lui faire face et l’écouter.

Le vampire paraissait condescendant sur les bords ce qui eu pour effet d’agacé la jeune louve. Comme si elle se laisserait « mettre en pièce » si facilement par des vampires, peu importe de quel clan ils étaient. Les paroles de celui qui paraissait être un jeune homme ordinaire mais qui était loin de l’être était lourde de sous-entendus et Leïla perçu la menace à peine voilé qu’il lui sortit lorsqu’il dit : «Mais il serait dommage de mon côté de vous infliger destin si cruel, alors qu'il me suffit après tout de satisfaire ma curiosité... Pourquoi pas en mangeant quelque chose? » Elle avait le choix, soit elle allait manger quelque chose avec lui soit elle allait devoir se battre. L’entendant préciser qu’il n’avait pas faim fit monter un sourire aux lèvres de la jeune femme.

* Encore heureux! *

Il lui promettait même de ne pas la tuer et de lui laisser poser ses propres questions. Que c’était gentil de sa part. Les vampires n’avaient qu’une seule parole après tout. Leïla mourrait d’envie d’accepter, ne serait-ce que pour pouvoir poser ses propres questions. Elle en avait tant qui lui brûlaient les lèvres depuis un moment mais elle n’avait personne pour y répondre. Ce vampire était bien tombé mais elle ne voulait pas devoir lui fournir des explications sur son propre compte. Sa petite menace concernant son sang n’eut aucun effet sur elle. Eh puis quoi encore, ce n’était pas demain la veille qu’elle allait se laisser intimidé par des brutes assoiffés de sang, au sens propre du terme. Il croyait réellement qu’elle s’était accouplé avec un ours? En plus d’être une brute ce vampire avait l’air particulièrement arriéré. Finalement, elle se décida. Ce n’était pas les menaces qui la firent pliés, c’était plutôt les regards nerveux que les passants leur lançaient. Comme s’ils savaient qu’il y avait quelque chose de louche.

- C’est trop gentil de votre part, répondit-elle d’un ton sarcastique. Parce que tout le monde sait que les vampires n’ont qu’une seule parole. C’est l’évidence même après tout! Allons-y. Je vous interdis de croire que vos menaces ont eu une quelconque influence sur ma décision. Ce n’est pas le cas, loin s’en faut.

Leïla dévisagea du regard l’être surnaturel et particulièrement déplaisant qui se tenait face à elle. C’était bien sa veine! Elle partait pour une journée shopping et celle-ci finirait par un encas avec un vampire. Ce qu’elle aurait aimé pouvoir lui tordre le cou et lui arracher la tête à coup de dents. Elle voyait même les images défilés devant ses yeux alors qu’elle y songeait. Ne jetant pas même un regard à ses pauvres et tendres paquets qui traînaient sur le sol, la Quileute fit un signe à son interlocuteur.

- Vous d’abord.

La louve fit un sourire mielleux au vampire. Elle n’était pas assez stupide pour passer devant lui. Qu’il ouvre le chemin et elle suivrait. Ce n’était pas comme si elle était sous sa forme de lycan. Lorsqu’elle était humaine, Leïla était plus faible que lorsqu’elle était sous sa forme de louve. Néanmoins, elle gardait une bonne partie de sa force et sa peau était tout aussi dur et résistante. La chaleur qu’elle dégageait était la même aussi. Cependant, elle se sentait plus vulnérable lorsqu’elle était petite, qu’elle n’avait pas de pattes terminées par des griffes et qu’elle n’avait pas ses crocs à disposition. Malgré le fait qu'elle aimait beaucoup sa vie normale, Leïla appréciait spécialement celle qu'elle pouvait mener lorsqu'elle était sous sa forme canine.

Étant soudainement prise de remords face à ce qu'elle allait faire, la jeune femme se jura de ne rien dire de compromettant concernant les Quileutes. Les siens pouvaient compter sur elle à tout moment et jamais elle ne les trahirait. Malgré toute la pression que leurs ennemis pourraient mettre sur son dos, jamais elle n'avouerait quoi que ce soit qui puisse les mener à leur perte. Sa famille était en sécurité avec elle. Du moins, elle l'espérait et tentait de s'en convaincre du mieux qu'elle le pouvait. De toute façon, ce vampire semblait ignorer tout des loups et des légendes Quileute alors elle n'aurait pas trop de mal à inventer des histoires pour satisfaire sa curiosité morbide. Après tout, Leïla était la reine des histoires inventés et c'était une excellente actrice. Ce n'était pas pour rien qu'elle obtenait toujours tout ce qu'elle voulait. Elle savait se montrer impassible et convaincante lorsqu'il le fallait.

Je me sentais terriblement excité par la situation. Cela devait bien faire des décennies que je n'avais plus été aussi curieux. Là, je trépignais tout simplement d'impatience, et si j'aurais encore été humain, sans doute aurais je frissonné litteralement. C'était une sensation étrange que je n'avais pas ressenti depuis tellement longtemps! Je me rendais également compte que j'avais bien fait de me ramener dans le trou du cul du monde, simplement pour tuer et continuer ma quête d'émotions. C'était quelque chose d'étrange que de se rendre compte que toute mon humanité, perdue depuis bien longtemps, était simplement en train, petit à petit, de me revenir. Cela me faisait également croire que les dieux n'existaient pas, car mon âme, retirée de force le jour de ma morsure, semblait peu à peu réintégrer mon corps. Certes, je ne serais plus jamais humain, mais « je pense donc je suis » avait dit Descartes, or, maintenant que je me remettais peu à peu à ressentir des émotions, cela allait de mieux en mieux. Oui, mon état actuel n'était absolument pas une malédiction divine, simplement un coup du sort, un abominable coup de malchance. Je n'y pouvais rien.

Intrigué par la jeune femme en face de moi, je me rendais également compte que mon odorat ne m'avait pas trompé: elle était visiblement tout sauf normale, et elle me le confirmait à chaque seconde qui s'écoulait, à chaque parole, à chaque fois qu'elle exudait cette drôle d'odeur, autant attirante que dégoûtante. J'en étais presque malade; l'odeur approchait celle d'un met particulièrement savoureux en état de décomposition. Je redoutais également qu'elle refuse ma proposition, mais je ne pouvais après tout que présumer de son acquiescement, car elle tenait visiblement bien trop aux humains et à elle même pour se risquer à me braver. Au moins, cela m'évitait de mettre mes menaces à exécution... Ce n'était pas que je rechignais à devoir la tuer, ça non, cela viendrait peut être plus tard, ou peut être pas, mais simplement, je ne savais absolument pas quelle sensation mon sang lui ferait, et je ne savais pas encore de trop si j'étais capable de voir ce qu'il se passerait. Peut être que cette odeur, à l'instar de la mienne pour l'odorat des humains, était un véritable poison? Il fallait que je fasse attention, car je commençais très nettement à me perdre en digressions de toutes sortes et je devais bien entendu rester concentré, juste au cas où!

Et puis, elle éveillait vraiment ma curiosité; la tuer ne me satisferait pas. Elle était terriblement séduisante, un joli visage, des trais fins et un regard enjôleur. Ses cheveux encadraient parfaitement son visage. En plus de cela, cette d^role d'odeur, et enfin, sa connaissance des vampires; Tout indiquait qu'elle avait disposé d'une grande source d'informations à mon sujet, car elle avait également pu me reconnaître du premier coup d'oeil. Non, en fait... C'était à cause de mon odeur qu'elle m'avait reconnu! N'avait elle pas dit que je sentais une très mauvaise odeur? Se pourrait il qu'elle soit autre chose qu'humaine et que vampire? Diantre, ma curiosité en était vraiment à son comble, et j'allais tout faire pour la satisfaire. En face de moi, mon interlocutrice semblait peser le pour et le contre. Finalement, elle se décida, continuant de me braver outrageusement, ce qui attisa en moi l'amusement, et un sourire carnassier se peignit sur mes traits. Il n'y avait pas à dire, elle était très jolie en colère, mais était ce bon signe, ou est ce que c'était l'inverse? Impossible de le savoir, il me fallait continuer.

- Oh! Vous me faites trop d'honneur... Mais vous ne prenez pas vos paquets? Je vais vous les porter tiens, dans une pâle tentative de compenser le fait que ce soit moi qui passe devant, et non une femme, comme la politesse le voudrait.

Relachant mon attention, je me penchais vers ses sacs, pour les porter. Je savais déjà où j'allais, et je ssavais qu'elle me suivrait. Une petite cafétéria, en plein dans le centre commercial. Si elle savait ce que j'étais, il y avait également des chances pour qu'elle sache également ce que j'étais capable de faire, et également ce qui m'était interdit. Ce n'était pas certain, mais je ne pouvais pas prendre de risque avec le clan de pennsylvanie, j'avais déjà attiré leur attention une fois, ce n'était pas pour recommencer! Mais je ne voulais pas non plus manquer à tous mes principes; même en les tuant et en m'abreuvant d'elles, je m'étais toujours montré poli et courtois avec les femmes; je ne comptais pas me déroger à cette ancienne règle qui continuait de me guider! Avançant d'un pas nonchalant, comme si je portais les sacs d'une amie ou de ma compagne, j'avançais dans le centre commercial, poussant la porte de la cafétéria, la tenant pour que ma nouvelle « amie », passe à la suite. Allant nous asseoir à une petite table, j'attendais que quelqu'un vienne pour prendre commande, même si je me voyais déjà décliner poliment, subjuguant comme à mon habitude le personnel humain.

Une fois assis, je la regardais droit dans les yeux, et essayait de faire le tri dans ma tête quant aux questions que je me devais de lui poser. Qu'est ce qu'elle était? Son nom? Comment elle me connaissait? Comment la tuer? Ah non, ça je suppose que cela serait une entrave au bon déroulement de la discussion. Réfléchissant quelques instants en continuant de la regarder d'un regard profond tout en restant totalement immobile, je laissais doucement un doucereux sourire illuminer mon visage, tandis que mes lèvres révélaient des dents d'un blanc éclatant. Courtois et séduisit, je lançais ma première question, mûrement réfléchie.

- Je pense que, pour plus de facilités, et au lieu d'une simple question, nous pouvons aborder chacun notre tour une idée ou un thème bien particulier... Moi, de mon côté, je veux savoir comment vous vous appelez, quel nom dois je mettre sur ce joli visage et sur cette odeur douceâtre. Et du coup, si vous pouviez également m'expliquer ce que vous êtes réellements...

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