Riley M. Miller {Loading :: 100%}

Riley sortait d’Anglais, les bras refermés autour de ses livres comme pour les protéger, ses longs cheveux bruns et ondulés se balançant dans son dos. Elle était de taille moyenne, banale avec des yeux chocolatés qu'elle réhaussait d'une touche discrète de mascara, comme le lui avait conseillé Leïla. Sa démarche était rapide, quelques fois hésitante, comme si elle avait peur d'être de trop. Elle regardait le sol, les yeux dans le vague. Elle rêvassait comme à son habitude sur un certain étudiant aux cheveux châtains clairs. Elle ferma les yeux et se mordit la lèvre. Elle devrait vraiment l’oublier, il n’était pas pour elle. Mais elle n’y arrivait pas. Alors elle se força à penser à autre chose. Alors… Ils venaient de commencer le chapitre sur Roméo et Juliette. Une dissertation était déjà prévue d’ailleurs. Tant mieux, les idées commençaient déjà à foisonner dans sa tête. Elle reprit de l’assurance et pensant toujours à ce qu’elle avait à faire dans sa matière préférée, elle regagna sa maison à pied, regardant inconsciemment le dos d’Evan qui avançait devant elle. Devant le perron, elle hésita. Devrait-elle lui parler ? Ou alors espérer qu’il se retourne ? Elle n’eut pas le courage, et elle entra, un curieux sentiment de manque au fond de son cœur.

Riley était pourtant une fille qu'on pouvait qualifier de courageuse, voire téméraire. Elle n'avait pas peur de se balader seule dans la forêt, même si on l'avait prévenue que des dangers pouvaient y rôder. De nature solitaire, elle n'aimait pas rester trop longtemps en compagnie des autres, car elle finit toujours par se lasser. Elle n'est pas bavarde, résidant souvent dans son monde imaginaire. Elle ne faisait pas beaucoup d'effort, suivant les conversations d'une oreille distraite. La seule exception restait Leïla Crowe, sa seule amie fidèle. Les autres... c'étaient plus des connaissances. Évidemment, lorsque quelqu'un se mettait à parler d'Evan, elle était tout ouïe, ne participant pas malgré tout.

Son père n’était pas encore rentré et elle monta directement dans sa petite chambre. Un lit, une armoire et un bureau, le tout en pin importé de la forêt environnante. Elle posa son journal intime et commença à écrire. Une heure plus tard, elle le ferma brutalement, luttant contre les larmes. Elle ne serait jamais assez bien. Elle ne devrait pas le laisser l’obséder autant. S’efforçant de reprendre contenance, elle se plongea dans son devoir d’anglais, avant de descendre. Sa mère rentrerait tard, aussi elle prépara le repas. Un claquement de porte se fit entendre.

Pas la peine d’impliquer son père là-dedans. Soudain, elle se souvint d’un détail qu’elle avait noté dans son journal, un détail auquel il pourrait répondre.