Johan Mancuso ; Devil inside me

Oh, ooooh, oooooooh, Ed.
Bienvenue à toi ;]

- HJ : merci =) -

Moscou, 1783.

Gallagher : « Et voilà donc où nous en sommes, à cause de ces maudits ottomans. Notre bonne Reine Catherine a eu la présence d'esprit de se mettre en guerre contre ces prétentieux, la cour ne parle plus que d'un châtiment digne de ce que la Russie a infligé à ces Polonais. »
Aileen : « Il est vrai que ces polonais étaient à craindre comme la peste.»
Gallagher : « Et ils le sont toujours, ce ne sont que des vermines ! Elena ma fille, veux-tu bien t'asseoir avec plus de prestance, n'oublie pas que demain l'affaire est à conclure. »

Ainsi se déroulaient tous les repas quotidiens de la famille Mancuso. Froids, tendus, gouvernés par le propre chef de famille dont la voix glaciale et ferme rappelait à l'ordre à chaque seconde que dieu faisait. Ils faisaient partis de ce que l'on appelait les nouveaux aristocrates, une classe qu'appréciait assez peu les plus vieilles familles dites "nobles d'épée", néanmoins les Mancuso avaient toujours été très bien vus, sans doute grâce à leur prestance. Pourtant il n'y avait que peu qu'ils avaient trouvé la richesse et la renommée, vivant auparavant grâce à des revenus trop modestes, ils avaient du se faire à l'idée d'une existence terne et peu glorieuse. Cela avait été sans compter la crise du charbon qui avait accablé le pays, alors même que Gallagher avait pour lui une mine qui jusque là n'avait guère fonctionné, voilà que les affaires avaient explosé. De fil en aiguille, les Mancuso avaient pu s'acheter un titre de noblesse, phénomène à la mode à cette époque, voyant leur vie changer du tout au tout. En Russie, il n'y avait pas de classe moyenne. Soit l'on demeurait démuni, soit l'on mangeait dans des assiettes en argent.
Sous la remarque de son père, la jeune Elena se redressa alors, son regard céruléen évitant alors les prunelles glacées de son père. Ce fut le regard de son jumeau qu'elle croisa, bienveillant et protecteur. Les deux jeunes Mancuso avaient pour eux un lien de complicité fort et unique, tant et si bien que les mauvaises langues allaient jusqu'à siffler sans retenue qu'ils pratiquaient l'inceste, mais ce n'était là que l'affabulation des jaloux. Malheureusement, il demeurait une pointe de vérité dans cet affreux mensonge, car les courbes graciles de son épouse ne semblaient plus convenir à ce cher Gallagher, qui depuis quelques mois, sans doute subjugué par la beauté de cette fleur épanouie qu'était devenue Elena, venait rendre de temps à autres visite à sa fille dans la noirceur de la nuit peu clémente. Personne n'était au courant de ce rituel malsain qui rongeait la jeune fille de l'intérieur, si ce n'était Johan qui était depuis peu le gardien de ce secret ignoble. Sa propre jumelle avait fini par craquer sous les pleurs et le poids de sa souffrance, elle s'était ainsi livrée à son jumeau, lui affirmant combien elle se sentait souillée et lasse de vivre. Cela ne faisait donc que quelques jours que le jeune Johan partageait le secret terrible de sa soeur bien-aimée, néanmoins le jeune homme lui avait promis vengeance et justice. Il s'était dès lors posé en tant que gardien, dormant au pied du lit de sa jeune soeur chaque nuit en prétendant que les cauchemars de cette dernière l'empêchaient de plonger dans les bras de Morphée et aboutiraient sans doute à une dégradation de sa santé. Certes, la complicité des jumeaux ne demeuraient pas toujours avec tant d'osmose, la violence et le caractère lunatique qui assaillait souvent Johan faisait qu'il s'en prenait parfois à sa soeur sans le vouloir vraiment. Suspicieux, le père des jumeaux gardait pour lui cet air froid et strict vis à vis de son fils, en outre leurs relations n'avaient jamais été chaleureuses. Johan ignorait si un père pouvait porter autant de haine à son propre fils, mais le fait étant que cela était véritablement réciproque. La belle Aileen, bercée d'illusion et d'espérances naïves, ne voyait rien. Elle était un modèle de douceur et d'élégance tant et si bien qu'ils ne voulaient pas accabler leur mère de douleur et s'étaient décidés à se taire... A moins que cette dernière n'était au courant, elle aussi. Quoiqu'il en soit, il avait semblé que le cauchemar de la douce Elena ne prenne bientôt fin, car leur père avait promis de l'amener à la cour royale dès le lendemain afin de faire connaissance avec un noble gentilhomme qui demandait femme. Un homme au sang bleu, serviable et généreux, et bien que c'était là les prémices d'un mariage forcé, tout était bon à prendre pour éloigner la jeune fille de cet enfer. Pour Gallagher, ce n'était qu'une affaire comme une autre, d'où sa parole froide, celle d'unir sa famille à une autre bien plus influente, bien que la question de la dot le faisait passablement maugréer.

Gallagher : « Par ailleurs nous partirons au petit matin ma fille. Il y a quelques heures de trajet à parcourir et je ne souhaite guère arriver en retard. »
Johan : « Je viens avec vous. »

La voix grave et basse du jeune garçon résonna alors, digne et pleine d'audace. Car il en fallait, pour s'imposer ainsi auprès de Sir Mancuso. Ce dernier posa alors sa fourchette dans son assiette de faïence, se redressant tel un paon faisant la roue, soutenant le regard sombre de son fils avec une once de rage. Johan ne cillait pas, de ce fait il était hors de question qu'il ne laisse sa tendre jumelle partir en trajet avec cet homme qui relevait bien plus d'une bête que d'un être humain. Gallagher alla pour rétorquer froidement, lorsque sa divinie épouse prit la parole dans un sourire.

Aileen : « Quelle excellente idée Johan. J'ai ouïe dire que le fils de notre Reine t'appréciait particulièrement, il va même jusqu'à avancer que tu es en passe de devenir un futur virtuose du piano. »
Gallagher : « N'exagérons rien. Il n'a rien de comparable d'avec cet Amodeus Mozart dont tout le monde parle à la cour. »
Anna : « Mais il m'a semblé avoir entendu que la Reine Catherine prévoyait d'annuler les festivités de demain... »

Le silence se fit, quelque peu tendu. La domestique qui venait d'apporter les plats, les posant soigneusement sur la table, se redressa non sans rougir de gêne. Les codes de l'éthique interdisaient aux employés d'adresser la parole à leurs maîtres lors de l'exercice de leurs fonctions, néanmoins Anna n'avait pu s'empêcher de lâcher son information. Elle évita le regard intransigeant du chef de famille, néanmoins fut rassurée par l'oeillade bienveillante de Mme Mancuso qui l'encouragea à continuer.

Anna : « Une bête rôde dans les rues de la ville, l'on dit même qu'il s'agirait d'un vampire. Les cadavres tombent si vite que la panique se propage comme la peste. Certains disent que la bête vit dans la forêt au Nord de Moscou. Pour la sécurité de notre Reine, et par respect pour nos concitoyens, il se murmure qu'il a été décidé d'annuler toute festivité le temps que le vampire soit retrouvé... »
Aileen : « Jésus Marie Joseph, dit-elle en faisant le signe de la croix. Ces rumeurs étaient donc vraies ? »
Gallagher : « Et qu'est-ce qui te fait rire avec tant de cynisme mon fils ? » demanda-t-il avec froideur.
Johan : « Que de belles superstitions destinées à effrayer les simples d'esprit. Croyez-vous vraiment que les vampires existent ? Voilà qui est stupide. »
Gallagher : « Je mettrai au défi quiconque ose me dire que je suis un simple d'esprit ! » répliqua-t-il avec fougue.
Johan : « Soit. Je sors, et lorsque je rentrerai j'aurai votre fameuse bête sous la main. Et vous verrez qu'il ne s'agit que d'un aliéné mental qui se prend pour le sbire de Satan. »
Aileen : « Je t'en prie Johan ! Je ne veux pas de ce nom dans notre maison. »

Fervente croyante, la jeune femme embrassa le crucifix en pendentif non sans frémir légèrement. Sans un mot, Johan se leva dans toute son arrogance et la prestance dont il faisait preuve. Il sortit du grand salon, s'engouffra dans le vestibule de son père afin de s'emparer de son fusil de chasse par pure précaution, et claqua derrière lui la porte de la demeure. La nuit apportait avec elle son manteau de froideur, mais l'arrogance de Johan ne faisait qu'attiser sa volonté, celle de prouver à son père que seul lui avait raison. Par ailleurs, ladite forêt où certains avaient affirmé avoir vu la "bête" n'était guère très loin de la demeure familiale, aussi Johan n'eut qu'à marcher qu'une demi-heure, fusil sur l'épaule et assurance certaine en main. Son ombre glissait sur le sol, le jeune homme portait pour lui toute la prestance aristocrate, l'arrogance agaçante et un charme indéniable. Plus encore, son attitude jurait par son assurance excessive. Voilà pourquoi le jeune homme s'était emporté, relevant le soit disant défi de son père tant détesté. Arrivé près de la lisière, le jeune homme aux airs ténébreux ne réfléchit pas par deux fois, et s'y engouffra tout aussitôt. Ses yeux s'étaient faits à l'obscurité, il percevait les ombres et ressentait le moindre souffle glacé de cette brise nocturne. Combien de temps avait-il marché, dans l'espoir de mettre la main sur ce fou qui se prenait pour un suceur de sang, dix minutes, peut être vingt... Johan finit par se stopper, transi de froid il porta ses mains à ses lèvres afin de les réchauffer dans un souffle chaud. Un frémissement se fit alors entendre, brusque et soudain, ainsi que des bruits de pas rapides. Dans un premier réflexe, Johan tourna la tête derrière lui, surpris ne voir que l'ombre mouvante d'un haut buisson, cependant lorsque le jeune homme se retourna de nouveau, une silhouette délicieuse s'était postée tout près de lui, dans un sourire mauvais. Il avisa la femme lui faisant face, pourvue d'une beauté innommable et de prunelles rougeâtres qui firent monter en lui une peur soudaine. Le vampire lui susurra alors quelques mots au creux de l'oreille, néanmoins Johan ne souhaita pas les entendre. Reprenant ses esprits, il recula d'un pas avant de s'emparer vivement de son fusil et de le pointer sur la créature.

Vampire : « Tu n'es pas sérieux, bel enfant. » dit-elle dans un sourire amusé.

Le tir était parti, la créature également. Johan abaissa son fusil, son regard sombre étant à présent à l'affût du moindre mouvement. Il était impensable qu'une simple balle n'ait tué cette étrange femme... Soudain, des mains fermes se posèrent sur ses bras, l'attirant vers l'arrière et obligeant le jeune homme à lâcher son arme. Néanmoins l'arrogance de Johan fit qu'il se refusait à se laisser aller à une quelconque peur ou faiblesse, il se débattait tel un démon, pestant en russe contre la créature dont la force demeurait trop puissante pour lui. L'étrange femme à la beauté subjuguante s'était donc postée derrière lui, avant de se pencher au creux de son oreille et de lui avancer qu'elle le trouvait bien trop à son goût pour qu'elle ne le tue. C'est alors que cette désagréable sensation se fit sentir, indescriptible. La femme avait planté ses crocs, et déjà Johan sentait son flux vital s'extirper de ses veines, paralysé par le venin qu'elle lui injectait sans doute. Le vampire le lâcha alors, après de longues minutes interminables et atrocement désagréables, mais ce n'était rien comparé à la souffrance et l'atrocité de cette torture innommable qui suivrait alors ces trois jours. L'étrange femme avait fini par le ramener dans ce qui semblait être une demeure abandonnée quelque part dans le ventre de la forêt. Mais il était vrai que Johan était bien loin de s'en soucier... Les jours d'ignobles supplices passèrent, plus d'une fois le jeune Mancuso somma à son bourreau de l'achever. Il n'y avait ni peur ni supplique dans sa voix, seulement de la colère, de la rage, presqu'une once de folie, furieux de ressentir autant de souffrance en lui qui ne s'achevait pas. Si encore, il possédait toujours son arme à feu sur lui, il n'aurait pas hésité à se tirer une balle pour ne plus endurer une telle douleur lancinante. Puis un soir, le mal avait diminué de lui-même, la douleur s'estompait peu à peu, il se sentait revivre, tout en se sentant différent. Cette nuit-là, l'étrange femme lui certifia dans un sourire qu'il avait passé l'étape cruciale, qu'il était devenu vampire. Incapable de répondre de lui même, Johan se leva du lit qu'il n'avait plus quitté depuis trois jours, chancelant légèrement sous la faim qui lui tenaillait l'estomac. Néanmoins la rage fut bien plus forte, il sentait en lui une puissance infinie qui s'acharna contre son bourreau, la projettant sur les murs avec une force telle qu'il lui aurait sans doute rompu les os, si elle ne demeurait pas inhumaine. Voyant les prunelles rougeatres de Johan se dilater avec rage, la créature qui avait engendré ce nouveau vampire plein de fougue prit peur, elle ne sentait que trop qu'il allait pour la tuer. Voilà que la femme gracieuse venait de se rendre compte de son erreur ; le vampire qu'elle avait engendré avait pour lui un caractère fort et une rage bouillonnante. Et à présent transformé, ses instincts là s'en étaient retrouvés décuplés. La scène qui s'en suivit alors demeura des plus sanglantes, régi par la haine, la colère, la faim, la douleur de se voir condamné, Johan ne répondait plus de lui même. Une barre de fer soutenant la table branlante devint alors son arme de rage farouche qu'il abattit de plein fouet sur sa créatrice, pris d'une brutalité sans nom... Et ce fut elle qui cette fois, le supplia de la tuer. Ce fut chose faite lorsqu'après de longues minutes d'agonie, il s'employa à s'acharner d'avantage sur la créature, entachant les murs crasseux de sang. Bientôt, le corps sanguilonant du vampire fut entassé comme un pantin disloqué dans la cheminée, son cadavre partant en poussière dans une odeur nauséabonde. La mutation de Johan se fit alors dans la plus grande violence, et depuis ce jour le vampire garda pour lui les effluves ennivrantes de la cruauté morbide. Il y avait pris goût... Par ailleurs son premier repas sanglant fut son propre père.

Des notes harmonieuses s'élevaient en un écho sombre d'entre les murs. Lentes, basses, miroitant une avancée funèbre et légère à la fois, elles étaient le reflet de l'homme qui faisait élever les notes du piano. Comment un assassin de sang froid, un meurtrier empli de vices mais dépourvu de vertu, pouvait à ce point faire envoler une harmonie si belle à la clarté mélancolique ? Comment pouvait-il apprécier la beauté et les arts, la culture et la passion, lui ce génie à la morale quasi inexistante ? Lui qui, la veille, avait tué des humains dans la plus grande indifférence et dans un amusement macabre... N'était-ce pas injuste de le voir jouer une symphonie si pure ? Sa silhouette droite et fière avait pour elle une assurance certaine, il avait pour lui des airs ténébreux, un teint certes trop pâle mais une beauté millénaire. Ses cheveux d'ébène contrastaient avec ses yeux en amande tout aussi sombres virant au pourpre, il avait toujours pour lui ce sourire en coin, toujours cynique et plein de vices mais jamais véritablement tendre et sincère. Assis derrière son piano, Johan jouait sans pour autant se laisser émouvoir par la beauté de ces notes suaves, son regard demeurait froid et impassible, ses mains ne faisaient qu'enchainer les gammes dans un rituel mathématique, calculé, sans y mettre la moindre parcelle d'émotions. Lorsqu'il jouait, il ne recherchait guère les sentiments, ce n'était que l'expression de ses pensées sur lesquelles il ne parvenait pas à mettre de mots. Ce malêtre incertain, celui pour lequel il ne parvenait pas à s'expliquer, alors qu'il avait pour lui la puissance, la beauté, l'immortalité, le génie... Malgré cette absence flagrante d'émotion fluide dans sa musique, elle demeurait d'une beauté froide et gracile. Johan n'était pas certes des plus vertueux. Il était froid, cynique, monstrueusement arrogant, mais surtout excessivement brutal et violent. Bien que d'apparence posée et sereine, conservant pour lui un calme olympien, il demeurait une créature pleine de cruauté et amatrice de jeux morbides et cruels. Le sang, la luxure, les vices et la brutalité, voilà ce qui ennivrait les sens de ce vampire puissant. Cela faisait un siècle déjà, qu'il avait rejoint le plus haut clan vampirique, ou dirons-nous le plus craint, et il s'y complaisait fortement. Traiter les humains comme du simple bétail et tuer sans remords ceux de sa propre race qui détournaient leur éthique, là était plus ou moins son quotidien plus que plaisant. Johan s'était élevé au fil des ans, accumulant expérience et puissance, il était devenu apte à rejoindre le clan de Pennsylvanie. En outre son caractère sombre et quelque peu brutal qu'il avait pour lui étant humain s'était amplement développé, devenant ainsi un vampire qui prenait plaisir à torturer autrui et à arracher des cris de douleur... L'expression directe de ce qu'il avait sur le coeur, celle d'une rage incommensurable contre tout et tout le monde, sans qu'il ne se l'explique cependant. Les quelques têtes pensantes qu'il avait rencontré dans sa vie, lui avaient avancé que son génie élevé faisait qu'il ne pouvait s'empêcher de se plonger dans des réflexions trop profondes, tourmentant alors son esprit et le tailladant de questions dont il ne trouvait pas la réponse. Lui, le fier vampire, ne pas trouver de réponses ? Idiotie. A chaque thèse qu'il n'aimait guère entendre, il avait tué sans ménagement chacun de ces oiseaux de mauvaise augure qui ignoraient encore qu'ils avaient affaire à un vampire.

La porte s'ouvrit alors derrière lui dans un grincement sinistre, néanmoins Johan ne se retourna pas dans l'immédiat, achevant d'abord sa mélodie avant de se lever enfin dans la plus grande froideur. Là où d'autres auraient été émus de voir une si belle partition prendre fin, le vampire n'en avait que faire, et se tourna vers sa soeur qui le toisa dans un sourire amusé et complice. Ils n'avaient pas eu besoin de mot, Johan avait compris sur l'instant ; sa jumelle était venue le chercher afin que tous deux s'emploient à la chasse, un vampire à traquer sans nul doute. Encore un autre qui n'avait guère respecté les règles, quoi que ces derniers demeuraient peu nombreux. Malheureusement. Les jumeaux Mancuso quittèrent donc la demeure du clan, dignes et fiers, cette lueur cruelle et sombrement amusée dans leur regard. Leur univers n’était que soupirs défunts, tombes grises et massives, mais ils s’y complaisaient. La terre suintait les effluves de sang, abandonnés à la lune blême. Car la nuit venue, le royaume des Ténèbres s’étendait, ainsi que ses créatures qui l’habitaient. Et dans les tréfonds vertigineux des entrailles de la nuit, des cris émaillés résonnaient, apeurés et stridents. Soulevés par le souffle de leurs souffrances, par l’échos de leurs trépas, les victimes ne pouvaient éviter les bêtes assoiffées de sang, lorsqu’elles leur tombaient dessus. Leurs ombres glissaient sur le sol, leur pas certain et assurés les emmenaient là où la mission se devait d'être, là où le vampire en question et qui trouverait trépas cette nuit là demeurait. Ils ouvrirent la porte d'un coup sec, la silhouette de Johan se découpa dans l'obscurité, tandis qu'un sourire carnassier se dessina sur ses lèvres blêmes. Une femme au teint pâle et à la beauté vaporeuse, d'une vingtaine d'années d'apparence, se retourna, d'abord surprise elle esquissa une moue appeurée à la vue des jumeaux Mancuso qu'elle connaissait de nom. Alors que Johan s'avançait, sous le regard amusé de sa jumelle, la "criminelle", elle, recula jusqu'à se retrouver adossée au mur. Il posa alors ses mains contre ce dernier, encadrant la tête blonde de la belle appeurée qui se répandait dès lors en excuses.

Judith : « C'était un enfant, un enfant ! Il n'avait que quinze ans... Je n'ai pas pu le mordre et... »
Johan : « Et par ta faute, un humain de plus sur cette terre est au courant de notre existence. »
Judith : « Je n'ai pas pu... Je n'ai pas désobéi, je ne l'ai pas fait... Je vous en prie... »
Johan : « Tais-toi, tu me donnes la migraine. Elena... »

Postée sur le seuil de la porte, sa jumelle approuva d'un signe de tête avant de tourner les talons, sans même que Johan ne se retourne, ses prunelles rougeâtres toujours plongées dans le regard appeuré de la jolie blonde dans un amusement malsain. Il ne fallait jamais se rétracter au dernier moment, lorsque l'on s'en allait pour mordre sa victime, lorsque son souffle glissait sur son cou appétissant. Plus qu'un signe de faiblesse, cela laissait planer fatalement quelques doutes dans l'esprit de l'humain que l'on avait voulu mordre. Judith avait fait cette erreur, avouant à demi-mots qu'elle était vampire avant de tourner les talons, lasse de devoir s'en prendre à de jeunes humains. Malheureusement pour cet enfant de quinze ans, Elena était parti le retrouver pour achever sa tâche. Avide de jouer, Johan se redressa alors dans un bref sourire, et comme prévu sa petite proie se glissa hors de ses bras pour tenter de fuir. Ce fut sans compter le pouvoir du jeune Mancuso qui la regardait s'éloigner tout en troublant ses sens. Du moins l'un de ses sens. La jeune blonde, dans sa précipitation et surprise de ne plus rien y voir, se prit de plein fouet la table du salon et se courba de douleur. Paniquée d'être devenue aveugle, sa respiration s'accéléra, brève et saccadée, alors que Johan s'approcha d'elle d'un air impassible et indifférent.

Johan : « L'ouïe, le toucher, l'odorat, le goût... la vue... Autant de sens qui nous paraissent tant banals, que c'est seulement lorsque l'un deux nous manque qu'on se rend compte à quel point ils sont indispensables, pas vrai ? » dit-il dans un sourire malsain.

Elle avait beau supplier, hoqueter de peur, paniquer de se savoir partiellement aveugle, rien n'y faisait. La cruauté de Mancuso n'avait pas de limites. La saisissant par la gorge avec fougue, il la projeta à terre avant de s'adonner à son rituel sanglant. Encore vivante, elle ne put retenir des cris stridents d'agonie pure lorsque Johan s'appliqua à jouer aux bourreaux les plus atroces. Déchiqueter un corps n'était pas si difficile, lorsque l'on avait l'expérience nécessaire, tel un boucher tailladant sa pièce de viande. Le corps fut brûlé, mettant fin à la mission morbide. Johan se redressa alors, couvert d'hémoglobine, entâchant sa peau blanche et pâle comme l'apothéose de son acte sanglant. Tel était son quotidien, fait de sang, de violence et sans jamais aucune once de sentiment. Car il n'avait jamais vraiment aimé, l'âme soeur, même lorsqu'il était demeuré humain, n'avait jamais été à sa portée. Peu lui importait. Un sourire satisfait se dessina sur les lèvres du vampire, avant qu'enfin il ne tourne les talons.

Non mais aux premiers abords on se sent un peu perdu mais ensuite ça va =) Je pense que c'est à peu près partout la même chose de toutes façons ^^
Merci en tous cas ! =)

Wow! Franchement, ton écriture est splendide, les musiques choisies vont à la perfection avec l'histoire, bref, j'aodre!

Je te souhaite la bienvenue ici, et amuse toi bien parmis nous! xD

Encore merci <3 ^^