EMERY } silence.bruit.silence.bruit ON SE LA FERME, OUII?

Des gens. Il y avait des gens tout partout. Ils débordaient, prenaient toute la place disponible. Et au milieu de cette masse grouillante et bruyante, une jeune fille qui ne semblait pas trop savoir où elle s'en allait. Pâle, toute petite et menue, elle tranchait avec les gens de haute taille qui parlaient et riaient fort, près d'elle. La voyageuse repoussa une longue mèche de cheveux bruns et bouclés derrière une oreille, et marmonna quelque chose comme si elle s'attendait à ce que quelqu'un la comprenne. La charmante et envahie ville de Londres, lors d'un mardi pluvieux, plus précisément à la gare centrale, point stratégique où l'on n'allait jamais sauf en cas d'extrême nécéssité. Pourquoi? Parce que pour quelqu'un comme la jeune fille, c'est-à-dire qui déteste le bruit et le surplus de gens au même endroit, la gare était l'enfer sur Terre. Elle était minuscule et s'assit sur le coin d'un banc, attendant au quai numéro 7. Enveloppée dans un long manteau noir, elle tenait près d'elle ses possessions afin d'éviter qu'elles ne se fassent écraser. Trois petites valises usées sur lesquelles on pouvait lire ''Emery Genesis McAllister, appartement 34, faber, Londres - sans logement.'' Sans logement. Ce n'était pas bien fréquent de voir une jeune personne sans logement ni endroit où aller. Et pourtant, c'était le cas d'Emery. 18 ans. Elle venait tout juste d'avoir 18 ans il y avait moins d'un mois et sa mère était morte, lui laissant ses factures et ses dettes ainsi que juste assez d'argent pour s'en aller très rapidement en évitant ainsi de payer les dettes. Voilà pourquoi elle se trouvait à la gare, attendant pour que le train de onze heures passe. Elle n'avait eu que deux options: règler les dettes et se retrouver à la rue sans le sou ou fuir, partir rapidement ailleurs avec les très maigres économies que sa mère accro à la cocaine n'avait miraculeusement pas entamées. Elle irait en train jusqu'à Paris. De Paris, elle prendrait l'avion jusqu'à Washington. Et de Washington, elle prendrait le train jusqu'à Forks. Quel bel itinéraire. Que savait-elle de Forks? Strictement rien. Elle fixait l'horloge indiquant dix heures 42, souhaitant que les aiguilles avancent plus vite... Elle se remémora un jour particulier, il y avait exactement 82 heures de cela, elle le savait: elle avait compté.

La chose la plus dure qui soit en ce monde, c'est d'y vivre, avait dit sa mère avant de mourir. La jeune fille repoussa une mèche de cheveux rebelles, scrutant l'horloge de son regard bleu comme le ciel le plus clair. Dix heures 44. Il restait 16 minutes et elle pourrait enfin partir. Les gens à qui sa mère devait de l'argent la suivraient-elle? Probablement pas. Ils se contenteraient de se saisir des possessions d'Emery et d'Evanya. Avec un pincement au coeur, Emery se dit qu'elle n'aurait jamais dû laisser sa mère mourir ainsi. Elle aurait dû appeler les secours et au diable ses fichues instructions. Mais non. Elle l'avait écoutée. Avec un sourire attendri, Emery se remémora toutes les fois où sa mère l'avait tirée d,affaire. Quelle femme, tout de même: toujours prête à se battre comme une lionne quand il s'agissait de sa chère fille... Il aurait pu paraitre étonnant qu'elle se tienne ici, à peine trois jours après la mort de sa mère, renfermée et nullement souriante, mais tout de même en bon état, compte tenu des circonstances. Mais Emery était plutôt du genre à se sotir du pétrin en premier et pleurer ensuite. Et encore, elle n'était pas vraiment portée sur l'appitoiement sur elle-même. Heureusement pour elle, elle était dans sa bonne phase lorsque sa mère était morte. Bonne phase, mauvaise phase? Ca ne vous dit rien? C'est normal. Pourtant, c'est l'un des éléments clefs de la vie d'Emery: les phases différentes à travers lesquelles elle passe. Bipolaire. Le terme est bipolaire. Tout le monde a des changements d'humeur. Tristesse, joie... cependant, il faudrait avoir fait face à une dépression pour comprendre les sautes d'humeur drastiques auxquelles les gens souffrant du trouble bipolaire font face. La personne fait face à des périodes de dépression massive ainsi que des périodes d'euphorie (manie) au cours desquelles elle croit tout pouvoir réussir. Cette maladie se traite, mais Emery ne disposant pas des moyens requis, elle sombrait souvent face à la dépression faute de médicaments. Sa maladie avait fait d'elle quelqu'un à part, de peu commun. Les principaux symptômes sont un sentiment d’euphorie, d’optimisme extrême et d’estime de soi exagéré, une élocution rapide et les pensées qui défilent presque trop rapidement pour être suivies, un moins grand besoin de sommeil. Ainsi Emery ne dormait-elle que deux ou trois heures par nuit et ne ressentait nullement les effets de ce manque de sommeil. Heureusemet, elle était dans sa période de manie. Pour elle, tout allait bien aller, elle contrôlait la situation. Elle se dit d'ailleurs qu'il vaudrait mieux qu'elle s'installe et qu'elle retrouve une situation stable avant de retomber dans la phase dépressive... Ses pensées, comme bien souvent, passaient du coq à l'âne très rapidement. Emery s'y était habituée, mais pour quelqu'un d'autre, ce serait... déroutant, presque impossible à suivre ou à comprendre. (un défi pour toi, Declan? xD) La jeune fille continuait de ressasser de vieux souvenirs tout en triturant la boucle de sa valise lorsqu'elle finit par s'apercevoir que son train allait partir dans quelques minutes. Elle se leva, traina ses baggages à sa suite, frêle et pas bien forte, et s'engouffra dans le wagon tout en cherchant sa place. Elle trébucha contre ses propres pieds et s'étala de tout son long sur le sol. Maladroite, comme toujours... Elle maudit sa maladresse et se releva. Enfin assise dans son siège et saine et sauve de ses pieds maudits, elle se remémora son premier et unique voyage en train. Elle avait douze ans et voyageait avec sa mère. Elle était tellement excitée: elle n'était jamais sortie de chez elle.[justify]

[justify]La petite Emery tenait la main de sa mère, excitée. Un immense sourire fendu jusqu'aux oreilles sur les lèvres, elle tentait de tout voir d'un coup. Cet endroit était tellement immense! La fameuse gare centrale de Londres, avec tous ces gens qui passaient, tous ces trains qui arrivaient et repartaient... Emery n'avait jamais vu autant de gens dans un même endroit et contemplait l'immense bâtiment d'un air ébahi. Elle pressa plus fort la main de sa mère et, avec un grand sourire, lui demanda quand arriverait leur train. Sourire aux lèvres et mine attendrie sur le visage, Evanya lui répondit doucement qu'à onze heures, soit dans 10 minutes, elles pourraient prendre le train qui les emmènerait loin, loin... En fait, le train ne les emmena pas bien loin. Cependant, aux yeux de la fillette, elle et sa mère se rendaient au bout du monde. Tout se déroula très bien. Pour la première fois de toute sa vie, Emery voyait sa mère agir normalement, pas comme si elle guettait pour voir si quelqu'un allait attaquer. Pour la première fois, elles semblaient toutes deux normales et insouciantes. Emery avait avec elle son jouet qui la suivait partout: l'ours Lorenzo. En fait, c'était un porte-clef avec un minuscule ourson attaché, mais cela tenait d'ours en pelushe satisfaisant aux yeux de la fillette aux boucles brunes. Elle tenait à Lorenzo plus que tout au monde, sauf sa mère. Et bien sûr, ce qui devait arriver arriva. Emery, attendant que le train revienne afin de les ramener dans leur ruelle de Londres, rue Faber, se penchait au-dessus du bord pour voir les rails. Et elle échappa Lorenzo dans le trou béant. Peut-être aurait-elle pu le récupérer par la suite. Mais il tomba dans un conduit d'aération. Fini, Lorenzo. Pourquoi ce souvenir l'avait-il marqué? C'est ce jour-là qui déclencha en Emery sa première dépression, une longue, sauvage dépression qui la ravagea, elle qui n'avait pourtant que douze ans! Ce n'était qu'un accident isolé, certes. Mais apparemment, il avait réussi à réveiller quelque chose qui someillait en elle depuis longtemps. Bipolaire. Ce mot résonna bien fort que le pédiatre le prononça. Et aussi les symptômes qui venaient avec. Sa mère était en larmes. Elle voulait tellement ce qu'il y avait de mieux pour sa petite fille... Quant à savoir de quel côté elle l'avait eu... Evanya ne croyait pas qu'il y ait eu de cas de bipolarité de son côté de la famille, et pour le père d'Emery, aucun moyen de le savoir. Voyez-vous, le salopard s'est tiré dès qu'il a appris qu'il allait être père. La mère d'Emery ne pouvait cependant pas payer les médicaments... Essayant de la rassurer, la fillette lui dit simplement, peut-être que vivre les pires tristesses en valent la peine, si par la suite on connait les plus grandes joies...

Emery s'était installée à Forks depuis... très exactement une heure. Et elle était arrivée il y avait deux heures de cela. Elle s'était trouvée un logement, car elle avait décidé de rester à Forks pour de bon. Ici, elle recommencerait une nouvelle vie... En une heure, elle avait acheté un journal et regardé les annonces pour des logements à louer. Pif, elle avait pris le moins cher. Peu importe sa condition. Elle s'en fichait, ça n'aurait jamais pu être pire que l'appartement du ghetto de Londres dans lequel elle avait passé toute sa vie... Seule, elle regarda son appartement, et sembla tout à coup réaliser qu'elle venait de terminer un chapitre de sa vie pour en commencer un autre. Morte. Sa mère était morte. La jeune fille regardait autour d'elle, vit la saleté, les murs d'une couleur affreuse, et se dit qu'elle devrait retaper cela. Mais non. Elle s'écrasa au sol en pleurant. La tristesse, les remords, la solitude, tous l'accablaient. Il semblait qu'elle recevait tous ces flashs: tristesse. mort. remords. solitude. mort. tristesse. Ils tourbillonaient en elle sans s'arrêter, et elle devait se tenir à un pan de mur, complètement submergée. Sa phase dépressive ne commencerait pas tout de suite, elle savait pas expérience que sa phase de manie allait encore durer un bon moment. Heureusement pour elle, d'ailleurs... Emery qui avait toujours été d'un naturel étrange, du type à ne pas bouger et fixer les gens en silence tandis qu'elle entendait parfois des voix lui parler, aurait besoin de sa phase maniaque lorsque viendrait le temps de s'inscrire au lycée de Forks. Seule. Elle devrait encore se débrouiller seule. Elle s'était débrouillée seule toute sa vie durant, prenant soin de sa mère toxicomane. Cependant, elle avait toujours su que dès que quelque chose irait mal, Evanya serait là pour prendre les choses en charge comme toute mère le ferait. La jeune fille ne défit pas ses trois valises. Elle les laissa simplement là, et se roula en boule sur le canapé qui sentait l'humidité, souhaitant presque mourir dans son sommeil, pourvu que le boulversement s'arrête... Demain, le lycée l'attendait...

Aaah bah, elle a oublié de me le signaler a moi alors xD