&&. Elena ; but the wind in your wings blows them out ••

NOM :
« Mancuso, quel joli nom, n’est ce pas ? Je crois que je ne m’en lasserai jamais. Encore heureux me direz-vous, puisque je suis destinée à le porter éternellement. Et pourtant, malgré sa si belle sonorité, il n’est synonyme que de souffrance et de dégoût. Pour moi-même, et pour ce que je fus. Gravé dans un cœur qui ne bat plus, gravé dans le vôtre qui, bientôt, sera aussi silencieux que le mien. Ne l’oubliez pas. Ne m’oubliez pas. »

PRENOM(S) :
« On m’appelle Elena. Je crois que c’est le prénom idéal, il sonne si bien près de mon nom. Lorsque je les prononce du bout des lèvres, comme un souffle, j’ai l’impression d’entendre la perfection elle-même. Peut-être est-ce le cas d’ailleurs : je dois être une des rares à pouvoir l’égaler, sinon à la dépasser. Vous rappelez-vous Hélène ? Si belle. Amoureuse folle de son beau Pâris, elle sacrifia tout un royaume pour son amour. Pour elle. N’est ce pas là l’exemple même de l’égoïsme ? Cette reine, car c’en est une, me va à ravir, je le crois sincèrement.
Comble de l’ironie, mon second prénom est Vitalia, « pleine de vie ». N’est ce pas particulièrement cocasse, alors que je suis bel et bien morte depuis des siècles ? Alors que je suis morte déjà, lorsque pour la première fois, il m’a serré, de cette façon là, dans ses bras. »

SURNOM(S) :
« Elen, Lena, Len, Na… je crois que je n’ai aucune préférence, aucune restriction. Tous ces surnoms sont si doux, si mignons ! Ils me conviennent à merveille, me caractérisent parfaitement, non ? »

AGE :
« Figée à jamais dans mes 22 ans. Dis comme cela, on pourrait croire au début d’une tragédie. Vous me direz, qui ne rêverait pas d’une jeunesse éternelle ? Et pourtant… même en tant que vampire, il est assez effrayant de voir à quel point je ne change pas. Cela fait exactement 225 ans que j’ai toujours ce même visage : ces joues rondes et ces expressions enfantines qui contrastent avec la gravité de mon regard. Je crois qu’au fond, je n’ai même pas d’âge. Je suis juste… éternelle, et c’est bien assez impressionnant comme cela. »

DATE DE NAISSANCE :
« Le 23 octobre 1783. Tout cela semble si loin… tout cela est si loin. Je ne vois plus l’utilité de s’attarder sur ces détails inutiles. La seule raison pour laquelle je retiens cette date, c’est que ce fut la première fois que je me séparais de mon frère. »

LIEU DE NAISSANCE:
« Moscou. Ah, si seulement j’avais pu y naître ! J’étais une petite fille du monde, faîtes pour les robes de princesses et les bijoux extravagants. Je ne souhaitais qu’être vu, regardé, admiré. Malheureusement, je suis né dans une petite ville perdue, non loin de la capitale, voilà ma seule consolation. Oh, certes, nous passions de nombreuses heures à la ville mais, ce n’était pas comme si je pouvais me vanter d’y vivre… »

OCCUPATION :
« La musique, qui depuis toujours m’accompagne, m’obsède plus que tout autre chose. Même le sang, même la torture ne me plaît pas autant. Mon piano semble m’appeler en permanence, mon violon ne repose jamais bien longtemps. Je ne compte plus le nombre d’heures passées à jouer, depuis ma toute première naissance. Mes mains tremblent encore du terrible traitement que je leur ai infligé. Et lorsque je suis las d’interpréter, j’écoute simplement un des mes innombrables albums. Classique et jazz restent mes styles favoris, musiques froides et voix chaudes. Je passe des heures, voire des journées entières, à lire et relire le même livre, accompagnée de mon éternel fond musical. La littérature m’est toute aussi chère d’ailleurs, que la musique. J’aime cultiver mes talents, m’en découvrir de nouveaux. J’ai également un goût immodéré pour la mode, et sais reconnaître les véritables marques des vulgaires imitations.
Toutefois, je ne peux accepter que mon frère s’accapare toute la gloire de la souffrance : voici mes dernières occupations. Tortures, et jeux macabres. J’aime jouer, énormément, et je profite de ces faibles petits humains, si pathétiques, pour satisfaire mon goût de l’amusement. Car mon imagination n’a pas d’égale, moi petite fille immortelle. Et j’aime tellement faire preuve de mon talent. Je me sens si puissante, indestructible lorsque l’on se tord de douleur devant mes yeux. J’aimerai tant pouvoir progresser encore, étendre ce pouvoir jusqu’à pouvoir entendre crier plusieurs personnes à la fois. Oh oui, ce serait si drôle… »

GROUPE:
« Petits humains sans importance, vous auriez toutes les preuves sous les yeux, que vous n’en devineriez pas plus. Bien sûr, il y a longtemps que je ne fais plus partie de votre monde : celui des vivants. Je suis élue parmi les élus, méprise ceux de notre race qui osent seulement s’abaisser à se nourrir de sang impur. J’ai honte, si honte pour eux. Moi, je donne la mort avec délectation, sème la souffrance et la destruction. Le sang des hommes raisonne, seul la voix de mon frère, si cher à mon coeur mort, semble vibrer avec tant de douceur. We are the bad guys. »

&&. What do you live for?

BEHIND THE MASK: Ce qui rend Elena si particulière ? Son pouvoir sans aucun doute, et le plaisir qu’elle prend à s’en servir. D’une cruauté sans pareille, elle est avide de souffrance et de peur. Elle se plaît à regarder ses victimes se tordre de douleur, tandis qu’elle ne fut jamais plus heureuse. Cruelle, sans doute, n’est pas un mot assez fort pour la décrire. Car elle est un véritable piège : sous son minois d’ange, sous ses rires cristallins, se cache l’âme d’une tueuse. Elle trompe son monde avec la plus grande habileté, et aime à mettre en avant ses atouts féminins, pour mieux piéger ses proies. Il serait bête de la sous-estimer, erreur que ne font pas la majorité des vampires : sa réputation la précède, naturellement. Il serait fou, toutefois, de la penser invincible, bien que son orgueil vous interdise de la voir faible. Blessée jusqu’au tréfonds de son âme, elle méprise la gente masculine et lui voue une haine farouche, du jour où son père abusa pour la première fois de son innocence. Voilà pourquoi, depuis sa transformation, elle choisit ses proie avec précaution : préférant les hommes aux femmes, elle se plaît les voir souffrir atrocement, regrettant de n’avoir jamais pu tuer de ses propres mains son géniteur, elle se venge ainsi, quoiqu’elle ne s’en sente pas moins salie. Si elle ne se déteste pas, si elle ne se dégoûte plus autant qu’autrefois, il reste néanmoins une part d’elle qui refuse d’accepter ce corps abusé.

OBJET FETICHE: Inutile de chercher sur elle l’objet qu’elle aime par-dessus tout. Il s’agit en fait d’une fleur, la lavande. Son parfum, fort et enivrant, lui ressemble en tout point et elle aime s’en entourer dès qu’elle se voit sombrer un peu trop dans son éternelle mélancolie.

GOUTS: Elena aime par-dessus tout la musique, dont elle ne peut se passer, ne serait-ce que pour une seule petite journée. Sa chaîne à la dernière mode, est allumée en permanence, et laisse échapper des sons doux et violents de musique classiques, ou plus sucrés de jazz. Humaine déjà, elle se passionnait pour tous les instruments possible et imaginables, et elle joue aujourd’hui à la perfection du piano et du violon, ses instruments favoris.
Elle lit également beaucoup, et ce depuis toujours, la littérature la passionne et elle se montre très critique dans ses lectures : elle n’hésite pas à descendre ouvertement une œuvre qu’elle trouve trop ennuyeuse. Elena est très sûre de son goût en la matière, peut-être un peu trop, certes.

PHOBIE: Se sentir à nouveau faible, comme elle l’était jadis, en tant qu’humaine. Voilà sa plus grande peur. Elle ne supporterait pas de se sentir à nouveau salie au point où elle l’a été. De ce fait, elle ne supporte pas d’être séparée de son frère, seule personne au monde qu’elle se sent capable d’aimer, à présent. Le perdre serait pour elle, la fin de tout, et elle ne mettrait pas longtemps sans doute, à le rejoindre dans l’Enfer de sa deuxième mort.

La porte s’ouvrit en grinçant, et comme presque chaque nuit depuis des mois, elle se borna à ne pas faire un seul geste. Comme si cela lui importait, comme si cela l’empêcherait d’accomplir cet acte odieux, inhumain. Cet acte qu’il appelait « d’amour » et qui, pourtant, ne lui apportait que souffrance. Elena, depuis la toute première fois, ne parvenait plus à fermer l’œil, ou du moins, pas avant une heure avancée de la nuit. Elle tremblait de peur et d’appréhension, de dégoût aussi, de lui comme d’elle-même. Mais elle ne comprenait pas pourquoi… comment tout cela avait pu se produire. Elle qui, hier encore, ne voyait que par les yeux de la petite fille qu’elle était, se trouvait aujourd’hui confronté à cela, à une horreur sans nom. Et elle ne parvenait pas à trembler, elle n’avait jamais pleuré entre ses bras, lorsqu’il soulevait sa chemise de nuit ou que sa main effleurait les courbes de sa cuisse. Elle se contentait de sceller ses paupières, de sceller son cœur et sa bouche. La première fois, elle n’avait pas mis longtemps à comprendre : tous ces gestes tendres et ces paroles si douces, ne ressemblaient en rien au père terrible qu’elle craignait depuis toujours. Gallagher était de ces hommes lâche, qui parlaient bien plus qu’il n’agissait. Elle ne doutait pas que ses poings volaient avec plus d’aisances que ses paroles, et elle craignait qu’il le lui prouve un jour, comme si son corps n’avait pas encore assez souffert.

Et les bruits de pas se turent. Le lit s’affaissa sous le poids de son père, et elle se figea davantage, si c’était seulement possible. Elle regrettait aujourd’hui, de ne pas être restée cette petite fille aux joues rondes et aux lèvres roses. Ce morceau d’innocence pure qui ne voyait par sa mère, trop sage et trop naïve. Et Elena l’appelait souvent, cette enfant aux yeux clairs, qui seule savait la consoler dans ces moments de honte. Elle préférait oublier tous ces instants qu’elle passait sur le dos, à retenir ses larmes et ses cris, à mordre sauvagement sa lèvre inférieure, jusqu’à sentir le goût du sang. Elle préférait oublier ce père qui s’agitait au-dessus d’elle, grognant et soufflant tel un porc. Etait-ce cela un homme ? Etait-ce cela le plaisir tant vanté dans ses romans ? Alors, elle n’en voulait pas. Il était en plus tout sauf délicat. Sa peau belle et blanche autrefois, était couverte de bleus sous ses vêtements, et le moindre mouvement, lorsqu’il se montrait plus violent encore que d’ordinaire, relevait de la torture. Sous des coiffures extravagantes, elle dissimulait les bosses qui se formaient à mesure que sa tête heurtait le montant de son lit. Chaque marque sur sa peau était comme une accusation. Elle se haïssait, se dégoûtait, parvenait à peine à se voir dans un miroir. Elle mourait à petit feu, de honte et de rage contenue. Et tous dormaient, ne se souciaient pas du mal qu'on faisait à la petite Elena, si tranquille et silencieuse. Même si elle ne riait plus comme autrefois, quelle importance ? Elle avait grandi, et c'était tout.

Cette nuit, il en termina vite. Elle n’osa pas lui prêter de quelconques remords, ou doutes. Il devait être… pressé. Allongée sur le dos, elle ne parvenait pas à bouger. Les yeux grands ouverts, elle s’interdisait de revivre la scène, d’entendre à nouveau ses… cris. Elena avait oublié la saveur d’un vrai sourire, le son d’un véritable rire. Comme si le bonheur lui avait été ôté au même moment que sa virginité. N’y avait-il pas un moyen pour que tout cela s’arrête ? Elle en venait à regretter d’être née jolie, et désirable. Sans doute si elle avait été laide, rien de tout cela ne serait arrivée : sans doute serait-elle un peu plus heureuse, quoique moins regardé. Mais quelle importance ! Quelle importance… l’apparat, tout cela… n’avait plus aucun sens. Elle s’était redressée, brusquement, et avait à peine jeté ses couvertures sur le sol, qu’elle courait déjà vers la porte close de sa chambre. La jeune fille trébucha sur le pli d’un drap resté accroché à ses pieds, et chuta lourdement sur le sol. Mais elle ne sentit pas la douleur. Ses pensées s’étaient tues. Elle se releva vivement, ouvrit la porte, et sortit de la pièce en courant, la respiration haletante déjà, le cœur brisé et brûlant, les larmes aux bords des yeux, mais qui ne coulaient pas. La cuisine. Là, elle trouverait de quoi se rendre laide. Terriblement laide. Les plaies de son cœur qui se refléteraient enfin sur son visage, lui paraissaient belles à présent. Elle fut prise d’un rire hystérique et court, et courait toujours. Le visage blême, on eut dit qu’elle était sur le point de rendre l’âme, ou bien, qu’elle avait perdu l’esprit, ce qui n’était pas loin d’être le cas. Mais soudain, tout s’arrêta. Sa course, son rire. Le couloir était sombre, mais pas assez pour qu’elle ne distingue pas les contours de la porte de la chambre de son frère, juste en face d’elle. Un sanglot la secoua soudain, violent et douloureux. Elena porta une main sur le bois froid en cette heure tardive, et la laissa lentement glisser, de haut en bas. Elle ne percevait plus les battements de son cœur, et son souffle était si faible qu’elle-même ne savait plus si elle respirait ou non. Peut-être était-elle morte. Peut-être était-ce son spectre qui s’était levé, et qui avait couru jusqu’ici. Jusqu’à son seul refuge. Jusqu’à son seul amour. Son frère tant chéri. Sa moitié. Un nouveau sanglot, et elle se colla à la porte de Johan. Un frisson la parcouru, alors que le froid la pénétrait de part en part, presque salvateur. Oh non, non. Elle n’était pas encore morte. Pas tant que ce monstre n’aurait pas payé, pas tant qu’elle ne serait pas vengée. Elena voulait qu’il souffre, encore et encore, qu’il supplie qu’on l’achève, comme le porc qu’il était. Elle voulait sa mort plus que toute autre chose. Il l’avait Sali pour toujours, lui avait arraché son innocence, sa beauté enfantine et son rire surtout… ce rire qu’elle avait tant chéri. Sa toute première larme depuis des mois roula sur sa joue…

L’essuyant maladroitement, sa glissa jusqu’à la poignée de la porte, et elle l’ouvrit avec lenteur. Ses sanglots redoublaient de violence, et ses larmes… ses larmes coulaient à présent sans retenue. Elle ne prit même pas la peine de refermer la porte, avant d’avancer à l’aveuglette vers le lit de son frère, au pied duquel elle se laissa lourdement tomber. Les larmes… toutes ses larmes… plus sans doute, que son corps ne pouvait en contenir. « Johan... Johan… » Murmurait-elle sans prendre même le temps de reprendre sa respiration. Son poing se serrait sur la couverture de son frère, et elle laissait libre cours à sa peine, à sa douleur. Profonde, inaccessible. Eternelle. Elle avait si mal. Et ses sanglots qui la torturaient étaient presque délicieux. S’était-il levé, lui avait-il parlé ? Elle n’en avait aucune idée, soudain, plus rien d’autre que ses larmes et son cœur brisé n’existaient. Elle ne voyait plus rien, n’entendait plus rien. Seule la douleur importait. Seule la peur la faisait encore trembler. Et elle s’accrochait au drap de son frère à s’en meurtrir les paumes, tant ses ongles s’y enfonçaient profondément. Elle pleurait encore, et avait perdu le compte du temps, lorsqu’une main vint se poser sur la sienne, la forçant à desserrer le poing. « Elena… ? » murmura une voix, qu’elle ne perçu qu’avec peine tant elle était perdue dans ses ténèbres. Une main glissa sous son menton, et lui releva la tête, sans qu’elle ne trouve la force de résister. Les larmes lui brouillaient la vue, mais elle n’avait pas besoin de le voir pour reconnaître son frère, le seul sans doute, qui ne la blessait pas, aujourd’hui. Elle se redressa brusquement, et attrapa la main qui tenait déjà la sienne, ne parvenant pas à faire taire ses sanglots. « Il… Il m’a… j’ai… » Pourquoi ? Pourquoi lorsqu’elle osait enfin, lorsqu’elle voulait tout avouer, confesser sa honte et sa douleur, pourquoi tous ces mots, trop longtemps contenus, refusaient de sortir ? Fermant les paupières, elle se dit que peut-être, en imaginant une nouvelle fois le poids de son père sur elle, peut-être qu’elle parviendrai à rassembler assez de haine et de détresse pour qu’elle puisse enfin délivrer les mots enchaînés, les appels au secours étouffés… « Gall… agher, il m’a… touché… partout. » mais ses mots se perdaient déjà dans un nouveau sanglot, et ses larmes de nouveaux, brouillèrent sa vu. Elle ne pouvait voir l’expression de son frère dans l’obscurité, mais après quelques secondes seulement, son poing se serra dans sa main. Elena connaissait ses colères : elle en avait même été victime parfois. Johan séduisait tant de monde, et pourtant, personne ne connaissait aussi bien qu’elle ce côté sombre de sa personne. Personne, sauf peut-être leur père, qui n’avait pas d’égal dans la noirceur. Du moins, pas encore.



« Depuis cette nuit, Johan m’avait juré de me protéger. Toujours, toujours, toujours. Il se postait toutes les nuits au pied de mon lit, et je ne pouvais fermer l’œil tant s’il n’était pas là. J’étais devenue craintive, et aussi fragile qu’une petite fille. Néanmoins, j’avais perdu toute innocence et toute envie de vivre. Si ce n’était pour lui, et pour ma vengeance. »

Il n’avait pu, cette fois, les accompagner. Elena avait craint que son père n’en profite, mais il ne semblait pas disposé, pour le moment, à soulever ses jupes, comme il soulevait depuis des années sa chemise de nuit. Elle regardait le sol de la voiture avec obstination, s’interdisant de lever les yeux vers Gallagher, qui d’ailleurs ne lui portait aucune attention. Il faisait frais, certes, et elle se réjouissait d’avoir pensé à prendre sa jolie veste blanche. Mais elle tremblait pas que de froid. Elle appréhendait déjà le moment où elle serait présentée à un jeune homme de bonne famille, qui semblait tout désigné pour son futur mariage. Il cherchait une jeune femme belle et responsable, et avait entendu parler de la douce et enfantine Elena Mancuso. Il ne s’était pas passé un mois qu’il les invitait déjà à passer quelques jours à la capitale, afin d’arranger les futurs jours heureux des deux jeunes gens. Si Elena s’était toujours su destinée à un mariage arrangé, elle n’en restait pas moins déroutée par la perspective d’épouser un homme qu’elle n’avait jamais vu, et qu’elle n’était même pas certaine d’apprécier. Serait-il beau ? Serait-il agréable ? Bien sûr, ses amis ne lui avaient dit que du bien de leur mariage, et elle-même avait tenté d’ignorer les bleus qui s’étendaient parfois sur leur bras, ou les cernes entourant leurs yeux. Si elle ne votait pas encore le mariage comme une malédiction, et si malgré tout, elle continuait à espérer après l’amour, elle avait su se débarrasser de cette naïveté qui paraît la plupart des jeunes femmes de son âge.

Elle en était là de ses pensées, lorsque son père, soudain, remua sur son siège. Elena tourna vivement la tête vers lui, et l’éclair de concupiscence qu’elle vit dans les yeux gris de son géniteur fit naître la terreur dans le sien. Ramenant ses jambes contre elle, elle recula le plus loin possible, sachant qu’elle ne pourrait toutefois pas lui échapper, dans un espace aussi exiguë que celui-ci. « Non… je vous en prie… non… » Chuchota-t-elle, plus effrayé que jamais. Elle ne savait que trop bien à quel point Gallagher avait été contrarié de voir que Johan montait une garde constante auprès d’elle, et il avait encore moins du apprécier le fait de savoir qu’elle avait tout révélé à son jumeau : car s’il n’était qu’une brute, il n’était pas dupe. Tant bien que mal, alors qu’il tentait de la couvrir de son corps, elle tenta de le repousser. Mais sa force n’était rien comparée à celle de son père, qui entoura le corps frêle de sa fille de ses bras, avant de couvrir sa gorge découverte de baisers. Elena se mordait la lèvre inférieure jusqu’au sang, dont elle sentait le goût cuivrée sur son palais. Elle tenta une nouvelle fois de le repousser, mais ne parvint qu’à attiser un peu plus son désir. Il poussa un grognement étouffé, alors qu’il arrachait littéralement sa veste, et elle ne pu retenir un cri lorsqu’il fit de même avec le haut de sa robe. Les larmes cette fois, n’avaient pu être retenu, et elle couvrait sa poitrine, seulement protégée d’une chemise légère, essayant de repousser comme elle le pouvait les assauts répétés de celui qu’elle n’osait plus considérer comme son père.

La voiture cessa soudain son avancée, et un bruit incroyable se fit soudain entendre, les figeant tous deux. Gallagher n’eut pas le temps d’ouvrir le rideau de la voiture que la porte fut arrachée de ses gonds. Une main étrangère, plus blanche que la neige, s’empara de son père et l’entraîna à l’extérieur. Des bruits intolérables lui parvinrent alors, et Elena se boucha les oreilles de ses mains, retenant comme elle le pouvait ses sanglots, ne se souciant plus du froid. Plus aucun son ne lui parvenait, et elle ferma les yeux, n’osant plus faire le moindre geste. Elle resta ainsi longtemps, avant que des mains ne s’emparent de ses poignets, la forçant à reprendre à nouveau conscience du monde qui l’entourait. Lorsqu’elle ouvrit les yeux, elle ne reconnu pas celui qui se trouvait en face d’elle. Du sang plein le visage, il la fixait de ses pupilles écarlates. Peut-être aurait-elle du avoir peur alors, peut-être aurait-elle du tenter de fuir, ou de crier, cependant… « Johan ?... » Il acquiesça. Les yeux écarquillés, elle contempla longtemps son frère, d’une beauté à couper le souffle. Elle refusa de se demander à qui pouvait appartenir tout le sang qui le couvrait. Mais à vrai dire, elle s’en fichait éperdument. Lorsqu’il libéra ses poignets, elle parcouru son visage de ses doigts fin, et découvrit à quel point il était glacé. Elena cru avoir devant elle une représentation de la Mort elle-même. Une larme roula sur sa joue, et lorsqu’elle se jeta au cou de son jumeau, elle entraperçu au travers du trou béant qui déformait à présent la voiture, ce qui ressemblait vaguement à un corps humain, difforme et ensanglanté. Mais elle n’eut pas le temps de s’y appesantir davantage, car à peine avait-elle refermé les bras autour de Johan, qu’une douleur aussi délicieuse que fulgurante s’empara d’elle. Et de toute son âme.

« Happée par une brûlure, une douleur infernale, qui me coupait toute réflexion. Le feu me dévorait de l’intérieur, avec une lenteur désespérante, il rampait en moi et détruisait tout sur son passage. Vie, espoirs, sentiments. Seule la colère persistait : son arrière goût amer semblait résister à tout. Et mon cœur se débattait avec rage, comme s’il lui était intolérable d’échapper aussi facilement à la vie. Comme si mon heure n’était pas venue, comme s’il y avait eu une erreur. Il m’était impossible de bouger, et le temps ne comptait plus. Je ne voyais rien, et ne voulait plus rien entendre. Je goûtais chaque souffrance avec délectation, comme si celles-ci pouvaient me délivrer de mon dégoût. J’ignorais encore ce qui se passait, pourtant, une parcelle de moi-même était persuadée de mourir. Etait-ce cela alors ? Une douleur éternelle ? Des semaines, des mois, des années peut-être. Combien de temps suis-je restée là, inconsciente et presque plus heureuse que je ne l’avais jamais été, percluse de douleur. Il me semblait avoir enfin reçu tout ce que j’avais toujours mérité. Ma vie lutta longuement, mais lorsque mon cœur rendit les armes, je fus soulagée. Enfin, j’étais libre. »

Lorsqu’elle ouvrit les yeux, ce fut pour voir son frère jumeau qui l’observait avec une inquiétude à peine dissimulée. Il prononça son prénom, mais elle ne le reconnu pas tout de suite. D’un bond, elle fut loin de lui, ne sachant exactement ce qu’il lui était arrivé. Sa seule certitude était qu’elle avait soif. Terriblement soif.

« Le temps ne m’atteignait plus désormais : peu importe les années, peu importe les heures. J’avais brûlé durant des jours, pour devenir ce que j’étais à présent. L’image même de mon frère, à nouveau. Une immortelle. J’avais à présent plus de pouvoir que je n’en avais jamais eu. J’étais toujours Elena, la douce et belle petite Russe aux manières enfantines, malgré ses 20 ans passés. Pourtant, dans ce nouveau corps, pétri de perfection et de beauté, régnait bien moins d’innocence qu’il n’en paraissait. J’étais enfin à même de laisser ma colère et mon dégoût des hommes, de mon corps, de tout. J’allais enfin pouvoir faire payer à ceux qui ne respectaient rien, tout le mal qu’ils faisaient. Cruauté et Vengeance, toutes deux m’ouvraient les bras, je n’allais certainement pas leur tourner le dos. »

J’étais seule cette fois. Mon frère avait préféré s’occuper lui-même de ce faible vampire, qui n’avait pu trouver la force de détruire un simple gosse. Qu’y avait-il de plus simple cependant ? Les adolescents, s’ils se montraient les plus prompts à la crainte, étaient aussi rongés de curiosité. On leur promettait monts et merveilles, avant de se repaître de leur sang, délicieux à souhait, empli de rêves de rebellions. Elle se voyait en chaque jeune fille, cherchait son frère en chaque jeune homme. Mais toujours, c’est son père qui se dessinait sur leur visage avide et reflétant tout le désir qu’elle leur inspirait. C’est là que sa colère reprenait le dessus, là que toute sa cruauté prenait place dans son regard et dans la moindre de ses paroles. Ils ne prenaient pas garde, tous ces gosses, trop occupés à envisager la satisfaction prochaine de leur libido. Ils ne comprenaient pas à quel point ils étaient proches de la mort. Oh, bien sûr, elle prenait son temps. Son pouvoir était une de ses plus grandes satisfactions, et elle aimait à les regarder se tordre de douleur sur le sol, ils hurlaient, appelaient leur mère, la suppliant pour qu’elle cesse. Cependant, il ne savait pas que, lorsqu’elle cesserait, ce ne serait que pour leur donner la mort. Une mort juste, à ses yeux, la plus juste qui soit pour tous les mâles peuplant cette stupide planète, plus nombreux peut-être, de siècles en siècles. Seul son frère, bien sûr, échappait à ce constat navrant. N’y avait-il que lui pourtant, pour rattraper toutes les fautes de son espèce ? Elena les haïssait, à en devenir folle parfois, elle se plaisait tant à les voir souffrir à ses pieds. C’est dans ces moments là que son sourire se faisait le plus beau, le plus grand. Dans ces moments qu’elle atteignait le summum de la jouissance. Sa vengeance était juste, sa vengeance était parfaite. Mais encore incomplète. Elle avait soif, tellement soif. Jamais elle n’était entièrement rassasiée, elle voulait plus de douleurs, plus de punitions. Elle ne doutait pas qu’ils étaient tous coupables. Absolument tous.

Et ces femmes, serviles créatures, qui ne valaient pas mieux…

Et elle le trouva enfin, cet enfant. Il traversait la rue, inconscient de ce qui le guettait, dissimulé dans l’ombre d’une ruelle. Les cheveux bruns, les yeux d’un bleu très clair. Sa peau était presque aussi pâle que celle d’Elena. Pour sa race, il était particulièrement beau. Sans doute aurait-elle été humaine, qu’elle n’aurait pas résisté au charme qu’il devait immanquablement dégager. D’ici, elle pouvait sentir les effluves de son sang. Une odeur presque fleurie. Plutôt fruitée. Une odeur des plus alléchantes. Découvrant ses dents luisantes en un sourire malsain, elle sortit de l’ombre, et de son pas silencieux, le suivit au travers des rues. Il s’arrêtait parfois devant une vitrine, ou une autre. Il semblait à peine s’intéresser à ce qu’il avait devant les yeux, comme troublé. Elle avait presque oublié qu’il venait d’apprendre l’existence des vampires… à quoi pensait-il en ce moment même ? Elena le suivit durant des heures, sans qu’il ne rencontre personne, sans qu’il n’ait pas une fois eu l’air de savoir où aller. Il errait, de ci de là, s’arrêtant parfois, regardant en l’air et puis, comme si de rien n’était, reprenait sa marche au hasard. Et si elle ne s’étonnait pas à proprement parler, elle restait perplexe devant une telle attitude. Il faisait déjà nuit, et il errait toujours. Elle marchait si près de lui qu’elle aurait pu le toucher en levant le bras, alors qu’il ne semblait toujours pas s’être rendu compte de sa présence. Le jeune homme s’enfonçait dans les ténèbres de la ville, comme il semblait le faire dans celle de son esprit. Elle le devinait sans mal : il était perdu. Peut-être anéanti avant même qu’elle n’ait besoin d’intervenir. Si elle avait eu un cœur, peut-être la compassion l’aurait-elle touchée à ce moment, mais elle n’était pas autre qu’Ellena Mancuso, aussi cruelle qu’elle était belle.Lorsqu’il arrêta ses pas, il était pris au piège par un des innombrables culs-de-sac de la ville. Et elle était toujours là, à quelques pas seulement de lui, mais lorsqu’il lui fit soudain face, la surprise marqua un instant les traits du garçon. Pas un seul instant, il ne s’était douté de sa présence. Et pourtant, elle ne l’avait pas quitté depuis le début d’après-midi. Curieusement, il semblait aussi résigné. Et elle en fut quelque peu contrariée, elle préférait de loin la peur, une frousse grandiose capable de déformer les traits de ses victimes. Mais il n’en était rien en cet instant, il n’y avait qu’une détermination et une certitude qui se faisait croissante dans les yeux du garçon : il mourrait, qu’il crie ou qu’il pleure, tout ne servait plus à rien. Il inclina légèrement la tête, et elle lui rendit son geste, laissant un sourire orner un instant ses lèvres. La lueur émerveille qu’elle aperçu dans le regard de sa proie ne fit que lui donner plus de plaisir encore. Elena fit un pas vers lui, et posa sa main sur son épaule. Il ne dit rien, se contenta de l’observer, les yeux grands ouverts, profitant de ses derniers instants de vie, profitant de cette chance qui lui était offerte, de voir enfin la vraie, la pure beauté. Celle qu’il n’aurait jamais trouvée sur le visage d’aucune femme parmi les hommes. Lorsqu’elle mordit sa chair, la douleur, intolérable et le brûlant de toute son âme, le fit pourtant sourire, bien plus qu’il ne l’avait fait jusque là. Il souffrait atrocement, mais tout cela passerait. Le néant bientôt, l’emporterait, et il pouvait toujours emporter avec lui, l’image pâle et irréelle d’Elena.

Elle finit par relâcher le corps exsangue et sans vie du jeune homme, qui n’avait désormais plus rien de charmant. Ses yeux d’un bleu pur fixaient à présent le ciel, qu’ils ne voyaient plus. Elle passa l’intérieur de son poignet sur sa bouche, effaçant les dernières coulures de sang, et sa langue finit le travail, alors qu’elle se détournait du cadavre. Elle avait hâte de rejoindre son frère, supportait difficilement d’être séparée de lui aussi longtemps. Elena jeta un dernier regard à feu sa victime. Il avait le goût des fruits et des fleurs.

AVATAR : Zooey Deschanel
PSEUDO : Muze
SEXE : Féminin n_n
AGE : 17 ans
NIVEAU DE RP : Mh, je ne saurais le dire avec objectivité ! xD Sans doute loin d'être médiocre, je ne pense pas avoir de talent particulier. Je mets juste à profit mes connaissances de littéraire disons...
PRESENCE SUR LE FORUM : Il y a un temps, j'aur pu dire tous les jours, mais avec les examens qui se rapprochent... néanmoins, en bonne accro que je suis (n'est ce pas xD), je devrais pouvoir passer assez souvent, ne serait-ce que pour poser ma patte dans le flood =D
OU AVEZ-VOUS CONNU LE FORUM: Par un partenariat, mais à vrai dire, cela fait tellement longtemps que j'hésite à m'inscrire que voilà...
QU'EN PENSEZ VOUS: En grande fan de Twilight, je ne peux qu'adorer *___* && puis, le design m'a séduite depuis le tout premier ! (( && oui, j'ai hésité tout ce temps, à croire que je suis d'une timidité maladive, hein =O )).
COMMENTAIRES(S) : Merci à Enea d'abord, qui m'a donné envie d'en savoir plus sur son forum, et merci aussi à tous ceux qui m'ont permis d'être ici, qui m'ont donné la force nécessaire de...