Un petit tour et puis s'en va... Ou pas!

Quelle étrange petite ville. Forks. Ca ressemblait à des tas de mots étranges. Et surtout, quelle drôle d'odeur! Tout s'y mélangeait, et je sentais déjà que j'avais atteint un endroit soumis au passage de biens des créatures! D'ici, je sentais déjà le délicat fumé de certains humains. Vu dans l'endroit où je me trouvais, à savoir la lisière de la forêt la plus proche, il devait s'agir de l'odeur de randonneur ou de promeneur, mais quand même. Dommage qu'il fallait être discrets dans notre approche, ça gâchait un peu tout, je ne vous le cache pas. Je ne pourrais probablement pas chasser ici librement, pas encore tout du moins. Je devais adopter un profil bas quelques temps, pour ne pas attirer l'attention du clan de vampires « végétariens » vivant ici. Le temps bien sûr, de les approcher, de les évaluer, et de les tuer. J'avais déjà quelques idées en tête, mais avant, il fallait que j'aille en ville. Tant pis, je savais que Caithlyn avait d'autres plans en tête pour le moment, mais je n'étais pas plus son esclave que son serviteur, mais plus un allié provisoire.

Elle m'offrait une bonne baston en perspective, contre des vampires en plus, et c'était uniquement pour cela que nous n'en étions pas encore venus aux mains. En temps normal, sa suffisance et son désespoir caché m'auraient tellement gonflés que j'aurais bien eu du mal à ne pas l'amputer de la vie, mais vu la situation et l'offre qu'elle m'avait faite sur un plateau d'argent, je préférais quand même réserver mes intentions belliqueuses pour plus tard, sait on jamais! Une occasion de se fritter avec Caithlyn arrivera bien tôt au tard, j'en étais certain... C'était donc dans cette optique que je m'approchais lentement, comme un vulgaire humain, de la ville de Forks. C'était une manie que je n'avais jamais réfréné, sans doute des réminiscences de mon passé humain, et du siècle que j'avais passé à traquer vampires et humains pour me repaître de leur mort. Ce genre de sortie était dangereux, car je risquais après tout de tomber sur un des membres de ce fameux clan, mais les végétariens ne m'avaient jamais fait peur. Personne ne me faisait peur de toutes façons. Mourir ne m'effrayait plus depuis mes seize ans, alors maintenant, à 127 ans...

Calmement, je sortais de la forêt. Le temps était humide. Ce serait à la fois un avantage et un inconvénient. N'importe quel personne qui avait pratiqué un peu de chasse dans sa vie savait de quoi je parlais. Le temps humide, boueux en forêt, de ce petit Etat du nord ouest américain, me ferait repérer, si un autre vampire avait le talent nécéssaire pour suivre les traces que j'avais éventuellement laissé. Mais d'un autre côté, cette trace serait moins évidente à suivre, car l'humidité empêchait la bonne conduite d'une traque au flair. Les chiens étaient gênés par l'eau et l'humidité. Pareil pour les vampires. Un nouveau né serait totalement perdu. Un vampire au moins aussi vieux que moi n'aurait pas plus que moi à suivre la piste, mais peu m'importait, cela faisait après tout tellement longtemps que je n'avais pas pu m'amuser un peu! Autre avantage: dans toute cette humidité ambiante, les odeurs humaines seraient un peu plus atténuées pour mon odorat, ce qui m'inciterait un peu moins à me jetait sur le premier venu... Pourtant, j'étais rassasié, mais sait on jamais...

La ville était plutôt petite. Tout le monde semblait se connaître. Il y régnait une certaine tranquilité, mais il y avait pourtant de l'animation dans les rues principales, ce qui composait un curieux mélange pour une bourgade aussi isolée. Je commençais mon job d'éclaireur en allant visiter quelques quartiers, marchant en promeneur, puis en remontant les allées centrales. En l'espace d'une demie heure, je connaissais déjà les lieux où je pourrais éventuellement me cacher un moment, ceux d'où je pouvais attaquer sans me faire voir, et d'autres où la nourriture était abondante. D'ailleurs, en parlant de nourriture, je venais de passer devant un coffee shop... Et l'odeur, le fumé qui en ressortait commençait à m'ennivrer. N'écoutant que mes pulsions meurtrières et primales, je poussais la porte d'entrée, révélant mes rangées de dents blanches en un sourire conquérant. Du premier coup d'oeil, je remarquais une silhouette féminine près du bar... N'écoutant que mon instinct, j'allais m'asseoir sur le tabouret d'à côté, tout en faisant signe à un serveur de m'apporter un café... Toujours avec un sourire qui se voulait tombeur, je tournais la tête vers la fille. Je ne sentais aucune odeur particulière venant d'elle, juste quelque chose qui trahissait ses émotions...

- Bonjour... Dis moi, ça ne te déranges pas si je m'assois à côté? Je suis nouveau en ville, et je ne connais encore personne, ni les endroits où je pourrais m'amuser... Pourrais tu m'aider et me conseiller?

Invité

Comme souvent, Suzzie était allée traîner au café ce jour-là. Elle pouvait être loin de tous ces fanatiques du moindre rayon de soleil. Elle pouvait être seule, tout simplement. Oui, parce que contrairement à beaucoup de jeunes vivant à Forks, son passe temps favoris n'avait pas lieu à la plage de la Push, où elle n'était jamais allée en occurence. Dans ce café, personne ne la dérangeait, il y avait plutôt des vieux, où des gens qui mangeaient, en résumé, elle était souvent seule au bar. Comme toujours, Suzzie pris un diabolo menthe. C'était rafraichissant, & bien qu'un chocolat chaud fut plus approprié à cette période de l'année, Suzzie se surprenait à imiter ses habitudes estivales. C'était ainsi, c'était Suzzie. Comme à chaque fois qu'elle sortait, Suzzie avait en sa compagnie son iPod. Elle ne sortait jamais sans. Il était souvent fourré au fond de son sac, ou bien cramponné à ses oreilles ; aujourd'hui, elle ne l'avait pas quitté d'une semelle & se repassait en boucle sa chanson favorite. Cette chanson était à la fois déprimante & pleine d'espoir. Ca lui faisait du bien. De toute manière, quelque soit la musique, en général Suzzie lui trouvait toujours quelque chose. C'était la meilleure pour dénicher les chansons les plus tristes du monde ! Ce jour-là, elle avait choisi d'adopter une mine plutôt déprimer. Elle portait un jean slim, des chaussures noires, un haut noir, un maquillage noir sous les yeux & du fare à paupières gris légèrement foncé. Elle portait, comme à chaque fois, son bracelet de breloques, son « gri-gri ». Comme si elle avait besoin de ça, dans cette si petite ville.. Que pourrait-il bien lui arriver ? Remarque, des crimes avaient été comis recemment, mais bon, tant qu'elle était dans la ville même, elle ne courait aucun danger. Elle sirota la dernière gorgée de sa boisson & en commanda une autre. Sans trop savoir pourquoi, elle avait décidé de traîner aujourd'hui. Elle avait certes pas mal de devoirs à rendre pour le lycée, mais ce n'était pas sa priorité. Ces temps-ci, elle pensait beaucoup trop à Elizabeth pour se préoccuper de quoique ce soit d'autre. Plongée dans ses pensées, Suzzie eut un moment de sursaut lorsqu'elle comprit que quelqu'un était entrain de s'édresser à elle. Par réflexe, elle retira ses écouteurs, puis appuya sur son bouton pause. Apparemment, ce jeune homme désirait s'asseoir à ses côtés. Et puis, par la même occasion, il désirait que Suzzie lui face visiter la ville. La jeune lycéenne fut un peu hésitante, elle avait l'impression qu'on lui faisait le vieux coup du : « Tu voudrais pas me montrer les alentours » qui finit dans un coin sombre de la ville à se fricoter. Mais alors, il lui fit un sourire des plus beaux du monde. Sans parvenir à se contrôler, Suzzie sourit, machinalement. Elle tenait dans sa main son verre &, trop concentrée sur ce garçon étrangement attirant, elle manqua de faire tomber son verre à la renverse. Suzzie reçut tout de même pas mal de menthe à l'eau sur son t-shirt. Heureusement qu'il était noir. Elle se sentit terriblement bête. Elle ouvrit la bouche, sans parvenir à sortir autre chose que..ça.

« Je vais me nettoyer aux toilettes..

Malgré ce qu'elle venait de dire, Suzzie ne bougea pas. Ce sourire persistait & elle avait les yeux fixés dessus. A un moment, elle décrocha & se rua vers les toilettes pour détacher un minimum son t-shirt. Une fois dans les toilettes, elle se sentit encore plus bête. Elle se jura de ne plus en ressortir. Elle s'assit par terre & se décida enfin à enlever son haut pour le laver. Au cas où quelqu'un entrerait, elle garda sa veste sur elle, cachant vaguement sa poitrine masquée par un soutien gorge pas très imposant. Elle se regarda dans la glace & rit d'elle-même. Comment pourrait-elle retourner en salle après ça ? Malheureusement, distraite comme elle était, Suzzie avait oublié d'emporter avec elle son sac... & son iPod.

Je me rendais compte que cela ne faisait pas si longtemps que cela que je côtoyais des êtres humains d'aussi près en pleine journée. Il fallait que je fasse attention, le temps n'était pas réellement au soleil, mais je ne pouvais pas me permettre le moindre faux pas vis à vis des règles édictées par le clan de Pennsylvanie. Pas avec mon passé. Cela ne pourrait de toute façon plus jamais être le cas, j'avais par trop de fois joué avec le feu, et si j'avais été un temps pardonné pour une raison qui me semblait obscure, même aujourd'hui, je n'étais guère décidé à retenté l'expérience de leur courroux. Trop de vampires étaient déjà tombés sous leurs coups de boutoir sans que je ne me permette de rajouter mon nom sur leur longue liste. Je n'avais aucune envie de mourir, et lorsque ce serait le cas, je ne mourrais pas comme un criminel, mais comme le guerrier que j'étais. Telle était la voie que j'avais jadis choisit et de laquelle je ne m'étais jamais détourné. Il ne fallait pas pousser non plus, vous me voyez mourir comme un lâche? De toutes façons, en temps que vampire, la mort me serait forcément infligée un jour ou l'autre de façon violente, alors bon... Tout ça pour dire qu'il fallait que je reste constamment sur mes gardes, je n'avais plus l'habitude de jouer avec la nourriture en plein jour, il me fallait donc éviter le moindre petit faux pas si je voulais garder la tête sur les épaules...

En tous cas, le moins que l'on puisse dire, c'est que c'était toujours aussi facile les relations avec les humains. Il suffisait de leur sourire, de leur parler gentiment, et hop, c'était fini et c'était dans la poche, et c'était encore plus facile quand il s'agissait de jeunes adolescentes. C'était en quelque sorte la façon dont j'avais procédé avec Kyleigh, bien que les choses aient été bien différentes à l'époque. Mais celle ci était tombée dans le panneau, comme tant d'autres avant elle. Il était drôle de constater à quel point la nature avait pu nous donner d'avantages sur le moindre de nos ennemis. Nous étions invulnérables à la majorité de l'arsenal humain, nous étions faits pour nous fondre dans leur masse, tout en restant suffisamment différents pour les attirer. Notre teint, notre regard, notre voix, notre grâce, tout était fait pour les séduire, tandis que dans le même temps, d'une torsion du poignet, je pouvvais arracher la tête d'un de ces êtres si fragile. Chose que j'avais d'ailleurs fait à de nombreuses reprises. Il était un peu effrayant de se comparer à des êtres si fragiles, car on pouvait très vite se comparer à un dieu comparé à leurs faibles capacités. J'avais même tellement tapé dans l'oeil de celle ci qu'elle alla jusqu'à renverser son verre sur son haut. Je ne pus réprimer un sourire, que je fis quelque peu enjôleur, faisant un petit signe de la main pour montrer que j'étais désolé et que je ne lui en voulais pas si elle allait se nettoyer...

- Oh, je suis désolé! Faites, je vous attends, comme ça, vous aurez également le temps de réfléchir à ma petite proposition... Si cela vous plairait bien entendu, j'ai tout mon temps de toutes façons!

La jeune femme s'éloigna, mais je ne bougeais pas. Je sentais qu'elle reviendrait. Curiosité, attirance, peur, mais aussi et bien sûr qu'elle avait oublié ses affaires sur sa place. Chose que j'avais remarqué avec un sourire. Je ne savais pas combien de temps elle mettrait, mais je me doutais bien qu'elle ne passerait pas son temps à laver son haut mouillé. D'autant plus qu'un diabolo menthe ne tâche pas, sauf s'il n'est pas fait de ses ingrédients habituels. La limonade et le sirops ne tâchaient pas, il suffisait de laisser sécher, de frotter, et tout partirait. Je l'avais donc destabilisée. C'était intéressant, car cela voulait dire également que je pouvais faire ce que je voulais d'elle. Peut être pas encore, mais j'attendis patiemment qu'elle revienne, remarquant au passage le regard que me lançait un autre homme, un peu plus loin.

On dirait bien que je lui ai tapé dans l'oeil...

» Un petit problème ...